On sait peu de choses de FILI, si ce n’est qu’il est Mexicain, ressortissant de Ciudad del Carmen, s’est déjà fendu de plusieurs disques et pratique une cold-wave synthétique (la plupart du temps, un titre tel que Caves, sur le Meat présenté en ces lignes, faisant hurler les guitares tandis que les claviers brodent leurs trames prenantes), qui ici a pu, chose rare, me captiver de bout en bout. On a d’abord une introduction, sous la forme de l’éponyme et intrigant Meat, à passer. Puis Necrotic, machines (new) cold-wave et voix tordue sur lit de velours sombre et de rythmes appuyés, chope l’oreille. Pills, riffs-rafale et vitesse punk en poche, défouraille grave ensuite. Le chant, déviant, fait lui aussi et tout au long du disque son effet. On place avec adresse, dans l’album, des intermèdes électro-dark loin de flancher, qui lorgnent vaguement vers le trip-hop loufoque (Face). La trouvaille est à garder, elle fait déjà ses preuves. Trick sonne comme du Sleaford Mods dans ses basses minimales. Sa cold speedée, enrobée de claviers pas joyeux mais presque (on décèle, ici, un ombrage permanent qui parfois laisse filtrer la lumière), attirera l’amateur de la mouvance privilégiée sur Meat. Tout comme les synthés, immanquablement inspirés (l’ornement d’ Obituary, entre autres), lui griseront les sens.
L’effort est de plus généreux, seize plages y trouvent place et tour à tour, illustrent Fili. A l’issue du Caves frontal nommé plus haut, Coins se dénude; la cadence y est bien moins marquée mais l’orientation musicale, cependant, ne change pas. Bay, sur pas plus de 44 secondes, offre une accalmie d’obédience psyché. Il prend vite fin, Car et son électro-cold de génie lui emboîte le pas. Ses sons, ses riffs soudains, raflent la mise. Vocalement, on dévie à nouveau; il est vraiment, cet organe, décisif quant à la trace que laissera l’opus.
Anthic est cold-bourru, salves de six-cordes à l’appui. Chacun des titres de Meat est au dessus du lot, attrayant au point qu’on ne zappe pas un seul instant de la rondelle signée Fili. Coffin honore lui aussi la cold au nerf rock très présent, mise en valeur par les machines. Flâner sur Bandcamp, en ces temps de confinement, a du bon. C’est ainsi que j’y ai déniché ce groupe, et ce label aux sorties que je ne peux que vous encourager à découvrir, indé et marquantes; Stupid Decisions. Fun, qui me fait mentir quant à la domination du synthétique sur les guitares soi-disant inhérente à l’album, allie justement spirales « machinisées » et ardeur du mythique instrument. C’est du tout bon.
Sur la fin, Dizzy offre une forme de psych-cold magnifiquement troussé, finaud comme il peut se faire vicieux dans son climat. Enfin c’est Nix, sur 1.38 de tempo speed et d’effluves de synthés, qui renforce l’ouvrage, en confirme la largesse et la pertinence, en suscitant l’envie pressante d’aller explorer le catalogue Stupid Decisions. La décision, pour le coup, sera loin d’être stupide.