Trio de Japonaises issu des 80’s, lors desquelles elles détonnèrent par leur look et attitude au sein d’un pays où la scène féminine était moindre et très « prudente » en dépit de l’explosion survenue à Tokyo et Osaka en termes de groupe, lieux ou jouer et labels indé aux sorties en nombre, OXZ voit aujourd’hui, via Captured Tracks, l’intégralité de son oeuvre ressortir, agrémentée de démos inédites. Soit 19 morceaux, punk, braillards et souvent urgents. Mais qui, en certaines occurrences, nous « égarent » en se faisant ouatés pour, vite, déraper (Along ago et ses airs poppy polis qui, soudainement, partent en vrille et griffent en mode punky). Fall in the night, bourre-pif post-punk bien lo-fi, inaugure le recueil. Direct et haché, « riffu », il illustre bien l’intensité mise par les dames dans leur jeu. On est dans des vocaux virils, ceux de Life and death évoquent, au début du morceau, L7. OXZ a le mérite de ne jamais sonner uniforme; post-punk, pop douce qui s’emporte très brièvement sous l’impulsion des guitares (un magnifique Touching my heart), rock très punk (ou punk très rock), et même des encarts cold (Vivian, excellent lui aussi) résonnent sous le même toit et font valoir une diversité appréciable.
On aimera, ainsi, la punkitude…bluesy de Be run down, autant qu’ Etranger, rock’n’roll doté de choeurs jouant adroitement sur les brisures de rythme, ou encore l’imparable tube Boy boy, post-punk où les guitares se livrent à un solo de durée réduite, ce qui ne le rend que plus marquant encore. Sabrina n’a qu’à bien se tenir, son Boys Boys Boys ne pèse pas lourd face à la frénésie d’ Oxz.
Au premier Etranger, celui de 1985, répond ensuite celui de 1988. Du rock, bourru et malpoli, mélodique et d’une belle portée. On se régale, l’idée de Captured Tracks est géniale et permet la découverte d’un joyau trop longtemps oublié, à l’instar d’ailleurs d’une palanquée de groupes des 80’s et 90’s. Des notes bluesy s’invitent (Is life), Teenage B mord et fonce. Les essais punk-rock font penser aux Beastie Boys des tout débuts, punks et bordéliques. Et c’est bien bon, (我等は何して)老ひぬらん se tempère mais reste rock. Il y a dans l’ouvrage des Nippones de la variété, que ce soit globalement ou dans un seul et même morceau. Ca fait de l’écoute un temps fort, agité et sans répétition dommageable. Les bonus tracks, de plus, sont plus que bons. C’est la cerise sur la compil’, déjà probante.
Ainsi, Blue sing suinte un rock tapageur, leste après s’être complètement lâché. Bleed love est porté par une batterie en rafales, des sons distordus et, au delà de ça, une certaine finesse dans les plans de guitare. Versatile et cohérent, le combo cartonne. Down easy le dévoile sous des aspects jazzy-blues, ceux-ci se fendent évidement d’excès bien amenés. C’est fin et brut, magistralement joué. Angel, après ça, opte pour l’endiablé saccadé. On ne s’ennuie pas une seconde. Orgel bonny sonne même un brin 60’s, met les voix au premier plan et se dote d’un ornement jazzy aussi pur qu’explosif, qui n’hésite pas à s’emporter. Ici comme à pas mal de reprises, on modère, puis on éclabousse à nouveau et ceci, avec une sacrée mainmise.
On valide complètement donc, Truth exhale un blues-rock alerte valorisé par ses motifs. Enfin, Baby again délivre un rock enragé, orageux, qui groove et pince les fesses dans le même temps. On remerciera grandement Captured Tracks pour l’initiative, qui par ailleurs illustre bien la qualité de son catalogue.