Mesdames et messieurs come on!, The K se penche à nouveau sur notre K. Grand bien nous fasse! Les acolytes de toujours, Sébastien von Landau et Sigfried Burroughs, sont accompagnés d’un petit nouveau à la basse, Grégory Danger. Et ça tabasse, comme on pouvait on s’y attendre et comme on le souhaitait. Les Belges en slip, loin de se soumettre, nous servent d’emblée un menu copieux: entrée rock hargneuse et up tempo (The future is bright), pavé noise teinté de blues en plat de résistance (Shit day, tiens, je croyais que le futur était brillant…ça sera pas pour maintenant alors quand?) et pour le dessert, rock au chant vicelard que des riffs mastoc renforcent avantageusement, couplé à un organe vocal qui en plus de se faire vicié, braille et susurre avec pour trait d’union entre les 2, la déviance (Human after all). On a les dents du fond qui baignent, à force de prendre des beignes et des châtaignes. Alors une basse lourde, des grattes-burin, nous allument sur Dominant tracks. Il y a des relents de 90’s, forts en goût, sur Amputate corporate art. Pas loin d’un Mc Lusky, d’un Jesus Lizard, The K poursuit son avancée victorieuse, lancé sur les routes et chez JauneOrange, son label avide de décibels, pied au plancher.
Allez, on prend l’air sur Everything hurts. Sucrerie bluesy tranquillisée, sans la moindre menace d’implosion. Et c’est beau, mélancolique, bien ficelé. The K se vautre rament, si ce n’est sur les planches au détour de ses acrobaties scéniques résultant de lives mouvementés. C’est d’ailleurs à la Lune des Pirates de ma ville, il y a déjà quelques années, que je fus soulevé de mon séant par la clique de Liège.
Bon, on est retombé, il importe de repartir à l’attaque. Le premier débordement est le bon; Petty profit tranche dans la couenne rock, le blues n’est pas éloigné mais revêt une forme impure, sale, comme aiment à le concocter ces 3 agitateurs (de culture…sonique) modestes et crédibles. Si le morceau en question se veut retenu, j’entends par là mid-tempo, The rougher aspects of love appuie lui sur la pédale d’accélération. Brut, c’est un morceau-phare de plus, dans un disque où aucun ne se détache d’ailleurs réellement de l’ensemble, puisqu’il s’agit justement..d’un ensemble. Qu’on écoutera fort, Keep my nightmares cold nous propulsant, quand arrive son tour, dans des eaux rock riffeuses et ardentes. On n’est cependant pas que dans le débridé, il y a dans ce disque une sensibilité plus pop, occasionnelle, qu’on ne renverra pas dans ses cordes.
Swim it better, batterie cinglée en avant, passe en qui le concerne la 6ème. Il se clarifie, ses mélodies brillent mais se font rattraper par la patrouille rock. Elles lui filent l’accolade, même pas peur du virus; on l’a déjà, c’est celui du son. On est là pour cogner et jouer du rock rauque, dans lequel on croque à pleines cordes, vocales et instrumentales. (Un)fortunate youth, saccadé, ferait pâlir David Yow. The K caresse l’excellence, en dix titres et sans faire le pitre. Les guitares de l’ultime morceau sont en fait des grenades, les gaillards dégoupillent en malaxant rock wild, blues fait de bouse « maison » et éructations diverses, brèves plages psyché qui n’ont pas le temps de (se) poser. Le tout à sa sauce, plus proche de la Samouraï que de la mayo allégée, pour rendre au final une copie écrite d’un jet et diablement bien rédigée.