Cinquième album des Américains de Maserati, le premier depuis 5 ans, Enter the mirror vient presque couronner 20 ans de carrière. Ni plus ni moins. Se définissant comme un groupe de « Moroder metal », ce en quoi il vise plutôt juste, il combine ici explosivité rock et synthés bavards autant qu’efficients (Empty, 6ème des 7 pépites que compte le disque) avec autant de bonheur que sur Rehumanizer, sorti lui en 2015 et décrit dans ce webzine. Les voix « façon robot » engendrent un bel effet, les pointes métal s’y collent et la juxtaposition de ces éléments fait péter la chaudière. 2020, pour ouvrir la casbah, livre une longue introduction, céleste et synthétique. Puis A Warning In The Dark, magique, arrive. Le groupe dit s’être inspiré, pour les besoins d’Enter the mirror, des batteries de Phil Collins et des guitares d’INXS. Les influences surprennent mais à l’écoute du résultat, on les approuve. Maserati est rejoint, pour le coup, par entre autres Bill Berry de REM, produit lui-même son album qui par ailleurs est mixé par John Congleton (Swans, Angel Olsen, Explosions in the sky). La fine équipe, de haut niveau, concocte un groove bourru, irrésistible, aussi Moroderien que redevable à un rock pénétrant aux vagues ravageuses. Bordures cosmiques et impact frontal s’y tiennent la main, avançant de pair.
C’est du tout bon, on a droit à des galopades rythmiques, assorties de giclées guitarisées, du plus bel effet (Killing time). Impétueux, l’album sonne énorme. Fulgurant, on le prend dans les dents. Il se relâche peu, optant régulièrement pour une approche franche. On pensera, pour se rapprocher de l’hexagone, à nos géniaux Marvin. Les explosions soniques de Der Honig, son kraut-rock métronomique, raflent aussi la mise tout en entérinant la forme éclatante de nos amis « Ricains ».
Plus loin, l’épopée se révélant agitée, spatiale aussi mais de façon batailleuse, ça riffe dur. Des sonorités de synthés qu’on croirait piquées…aux B 52’s (si si) accompagnent les six-cordes et la rythmique pour un bal qui défouraille. On breake mais l’orage guette, tapi dans l’arrière-plan. Ca repart plein pot, on n’a pas à faire à des bobos. Maserati sait faire, il ne ménage pas son peuple et trace droit devant ou presque, muni d’une personnalité bien campée. On ne décampe donc pas, l’écoute fait hocher les caboches et vibrer le casque. A la fois massif et alerte, comme l’est son Welcome to the other side, Maserati tient la route comme la charrette du même nom. Il trouve, constamment, le détail qui fait la différence, le gimmicks sonore qui étaye sa baraque et lui permet de parfaitement mener sa barque. Il navigue et distribue des uppercuts avec allégresse, se tempère sur des temps courts, obsède de par ses boucles « de machines ». Le Empty mentionné en début d’article, en ce sens, est une arme redoutable.
Après ses riffs énormissimes, Wallwalker déboule non pas pour calmer le jeu, mais pour conclure à toute (et avec) allure, bien que plutôt mid-tempo. Là encore, riffs magiques, parties de claviers inspirées dans leur simplicité, instrumentation oscillant entre terre et cieux, dans laquelle organique et synthétique fraternisent, font pencher l’aiguille du bon côté. Le groupe d’Athens, sans aucun creux, signe un effort magistral, digne de…lui-même, qui démontre de plus qu’après 2 décennies d’exercice, on est dans ses rangs plus que jamais prêt à en découdre.