Quatuor Suisse, de Carouge plus précisément, The Animen évolue dans des sphères rock’n’roll marquées par un côté rétro qui, ici, se pare de sons qui attirent l’oreille et, cerise sur la guitare, conjugue énergie et élégance. Mélodieux dans son énergie, énergique dans ses mélodies, Same sun/different light, c’est son p’tit nom, suit une trame rock classique et classieuse qui, pourtant, l’amène à tutoyer le haut niveau. Frais et pétillant, il démontre qu’après 10 ans de carrière, ou presque, et plusieurs sorties signifiantes, le groupe a trouvé sa posture. The absence le démontre d’emblée, on opte avec bonheur pour un rock griffu, à la patine vocale évidente. C’est alors parti pour onze titres millésimés, où distinction british et flamme rock’n’roll voisinent allègrement, toutes deux passées à la moulinette helvète. L’orgue de Julien Marty nappe adroitement l’ensemble, sur Kill your darlings la basse de Robin Schneider ponctue l’avancée du morceau, racé. Du coup on danse, d’autant que Théo Wyser (vox/guit.), riffs bien sentis à l’appui en surplus de l’éclat de son chant, et Guillaume Louis (drum), de sa frappe sûre, contribuent à l’unité de ces mutants doués.
Avec l’aide de Samy Osta (Feu!Chatterton, La Femme), après avoir décidé de « casser les règles à la con » qu’ils se sont auparavant imposées, The Animen reliftent le rock du passé, lui donnent un éclat actuel sans le dénaturer. Avec une fougue récurrente, donc, mais aussi selon des trames plus tranquilles, comme l’est celle qui porte Mourning sun. Dans la simplicité et en se parant de bonnes idées dans les arrangements, le clan se met en évidence.
From the get go, saccadé, un brin bluesy, étend par ailleurs le champ d’intervention du groupe. Le « jus » décisif de la clique retombe alors quelque peu, en dépit de cela la qualité demeure. Modern nostalgia, parlant de par son intitulé, souffle lui aussi de jolies notes, alliées au timbre de Wyser. Il se montre alerte, s’agite même clairement sur son second volet. Tiré à quatre épingles, le son de The Animen tire pourtant la sienne -l’épingle- du jeu. On retrouve cette nerveuse beauté sonore, par exemple et dans les mêmes contrées, chez The Rebels of Tijuana. Il va sans dire que le rapprochement honore nos hommes et Greetings from el matador, avant ces titres apaisés, aura, derechef, laissé libre cours aux mélopées alertes et bien mises dont le combo a le secret. Poursuivons donc, alors que se profile un Dr Jekyll and Mr I folk épuré. Bien ficelé, il s’anime après une amorce feutrée. On est toutefois heureux, à la suite, de s’injecter le rock plus concis de Woe is me. Bien postés dans ce créneau, The Animen y trouvent une place de choix.
Two armed river, superbement folk-blues en son début, suit un peu le même cheminement qu’un Dr Jekyll and Mr I. Il manque peut-être, toutefois, un ou deux essais réellement colériques, qui extirperaient les bonshommes de leur zone de confort, porteuse certes mais avant tout mélodieuse. On ne leur en tiendra pas rigueur, il y a dans Same sun/different light suffisamment de qualités pour imposer leur registre. Dotés, de plus, d’une solide réputation scénique, on imagine que ce terrain est l’occasion pour eux de faire rugir les accords. Ceux de The girl from New Heaven, vivaces, achèveront de charpenter un disque réussi, attrayant de par son passéisme tout ce qu’il y a de plus moderne et ses morceaux pour la plupart énergiquement rutilants.