Romuald & Mathieu, les 2 trublions signataires d’une trap-music délirante et pourtant douée de sens (interdit), qui ratisse large et trace comme une chenille sur l’autoroute du plaisir, répondent sans verser dans le décor aux questions de Muzzart….
1) Salut le duo, je sors d’une écoute de votre « Code pin », j’en peux plus ! Comment faites-vous pour enfanter ce patchwork sonore aussi délirant que doué de (non et bon) sens ?
Coucou Brozo, et bien comme on fait tout à deux on mélange nos envies sur le moment avec l’idée d’apporter de l’humour d’une manière ou d’une autre. C’est un mix de nos influences musicales. L’impulsion pour une nouvelle track peut être un concept/une idée, ou bien une maquette de l’un ou de l’autre, une mélodie, une boucle etc…
Après dans le boulot on essaye de rester constamment dans la spontanéité et l’amusement, même si la compo, l’enregistrement et le mix demande beaucoup de taf sérieux et précis. C’est ce qui nous permet d’avoir un fil rouge, une homogénéité dans la création même en allant piocher dans des « styles » assez divers (rap, house, gabber…).
2) Vous alliez qualité et dérision (apparente), est-ce là votre seul et unique « cheval de bataille » ? D’où vous vient ce parti pris humoristique et ne doit t-on pas s’attendre, à l’avenir, à voir évoqués des sujets bien moins « légers « »?
Faire une chanson c’est prendre un angle et on choisit celui de la légèreté ou l’absurde plus que de la dérision je dirais. Je pense qu’il y a des artistes bien plus calés et talentueux que nous sur les sujets lourds, complexes ou polémiques. Donc on leur laisse la main là-dessus.
À l’avenir, ni plus ni moins d’humour : on a en commun tous les deux de poser un regard fasciné et amusé sur ce qui nous entoure, et de s’essayer à en révéler la beauté ou l’intérêt.
3) Le style que vous développez est à l’évidence personnel à souhait ; n’y a t-il pas, toutefois, des « sources » qui auraient pu influer un tant soit peu sur votre posture musicale ?
Pour le studio, on écoute beaucoup de rap FR/US, et de la mélodie qu’elle que soit le style. Pas mal de musique électronique aussi. Ça fait 10 ans qu’on fait de la musique ensemble, donc on a développé un goût commun pour une sorte d’épure dans les productions, couplée (assez paradoxalement) avec des excès de matière très choisis. Une sorte d’outrance maîtrisée et de simplicité en équilibre.
Je pense qu’après avoir vu Infecticide, salut c’est cool ou Stupeflip sur scène on s’est dit que c’était possible d’envisager une autre façon de penser le live. Odezenne est un groupe ultra inspirant en termes de fonctionnement, de production, de studio, et de live. Ils ont installé leur truc et le maîtrisent hyper bien, c’est bluffant.
4) Grâce à vous, je contrôle bien mieux ma conduite et mon esprit déjà large s’ouvre « grave ». Votre son devrait être reconnu d’utilité publique, non ?
C’est drôle que tu parles de ça car on travaille actuellement avec le Ministère des Ronds Points en Zone Rurale (MRPZR) sur un projet qui pour le moment doit rester secret donc on en dit plus bientôt.
5) De bases banales, vous tirez un rendu significatif. On débute l’écoute en se disant presque « Voilà de sacrés déconneurs, ça ira 5 minutes ! » et finalement, l’écoute nous captive. Est-ce à cela que vous souhaitiez parvenir quand vous avez commencé à composer ?
Quand on compose on essaye de faire un concentré musical et lyrical qu’on pense solide/entêtant. Si on trouve une des parties moyenne, ça part au tri sélectif direct. C’est pas une question de rimer au kilomètre ou d’empiler les lignes de synthés juste pour montrer qu’on sait le faire. S’il y a un thème fort, juste avec une basse un beat minimal ça peut rester comme ça. Quand on a commencé ce projet, je pense qu’on avait déjà en tête l’envie de faire une musique de la fête, très libératoire dansante et drôle, mais avec un contenu textuel et musical autre que celui de la musique club dominante.
Après le parti pris d’un projet simple d’accès, mais qui contient une vraie profondeur (et accessoirement énormément de travail), c’est un pari osé. Surtout qu’on ne maîtrise jamais la réception de l’auditeur.
6) Rap, techno, trap music, dérision punk ; beaucoup de choses qualifient et constituent votre univers. Peut-on s’attendre, dans le futur, à l’inclusion d’autres « ingrédients » ?
On travaille actuellement sur de nouveaux sons qui partent en direction d’une hip-house/dance et des ponts pop. On explore en gardant nos traceurs, en gros…
Après en termes de feat ou de collab’ on est méga ouverts et tout-terrain, donc ça peut prendre plein de chemins différents.
7) Vous singez superbement les travers de la société, ses côtés faux et racoleurs (voir les clips, entre autres, de « Z.I .» ou « Red Bull tiède »). J’imagine qu’il s’agit là d’un source d’inspiration intarissable, non ?
C’est sûr ! Il n’y a qu’à ouvrir les yeux et prendre un peu le temps de s’émerveiller de ce qui nous entoure. La tournée et les voyages c’est super aussi, pour découvrir de nouvelles choses, élargir l’horizon…