Groupe post-punk partagé entre Metz, Strasbourg et Lyon, Mestre s’est formé en 2015 et navigue entre punk et cold-wave, pour faire court. Son Beyond the lines, braillé avec un entrain jamais pris en défaut (The new beat, doté aussi de guitares qui envoient du lourd), parfois plus posé mais de façon brève, renvoie une force de frappe indie qui assied sa portée. Seul Meyrieu, en amorce, se tempère réellement. L’heure est à la vigueur, celle-ci perdure tout au long des 9 morceaux présentés. On use de sons qui forcent l’écoute (And Tony scored the goal), le chant est remonté. La mélodie, souvent tourmentée, trouve sa place dans le rendu final. L’album sort de plus chez Icy Cold Records, label fiable, après un EP (mars 2018) entièrement voué au home-made. On allie mélopées, sonorités à la fois brutes et subtiles, et rage dans le jeu (Joie de vivre) sans s’y fourvoyer. C’est la joie d’écouter qui, chez l’auditeur, prévaudra. Mestre nous offre là un disque solide, où les temps morts n’ont pas leur rang. On retrouve, dans le chant, une tendance 90’s bien de chez nous.
Education of broken dreams, clippé par le clan, reflète bien ce positionnement entre énergie sans limites, vocaux pouvant évoquer un At the Drive In, et instants de relative clarté dans les notes. Ca prend bien, les mecs de l’Est démontrent avec Beyond the lines qu’ils n’ont pas usurpé leur intronisation chez Icy Cold. L’éponyme Beyond the lines, entre l’obscur et des plans finauds, rappelle presque Motorama, doté d’un chant plus hargneux que celui de Vlad Parshin. Entre son d’aujourd’hui et passages dédiés à l’antan, on s’y entend.
On suivra le groupe, également, sans ses échappées qui, si elles renvoient toujours autant d’impact vocal, mettent du subtil dans l’échevelé (Deep blue shit). On se réjouit de compter, dans le pays, une nouvelle « tribu » probante dans ce qu’elle entreprend. C’est d’ailleurs fréquent, il suffit de sonner à la bonne adresse et Mestre s’ajoute donc à la liste, longue, des groupes à suivre. Quelques dates sont d’ores et déjà planifiées, il faut à mon avis s’y fier car la force de Mestre réside, aussi, dans ses élans offensifs. Il saura, à coup sûr, les valider sur les planches. Un Moon blood par exemple, bouillonnant, y fera merveille. Son refrain impactant fédérera, lui aussi.
Pour l’heure, on a un premier long jet sans déchet, étayé par de discrètes nappes de claviers. Le fait mérite d’être relevé. Il ne faiblit pas même en sa fin, Mass decline suicide renvoyant la même foudre que la série qui le précède. Mestre tient la route, qu’on l’enjoindra à prendre, et dévoile de belles promesses avec ce son entier, joué en rang serrés, qui mérite qu’on s’y attarde et qu’on y flâne avec insistance. Avec, à la clé, une trouvaille de nature à renforcer notre scène.