Trio américain, Bambara unit les frères Bateh et William Brookshire. Actif depuis, déjà, quelques sorties discographiques, il fait éclater, sur ce Stray, classe et élégance à la Nick Cave (Made for me) et, en se référant toujours à l’Australien, coups de sang eux aussi beaux, mais sauvages, qui doivent aussi au Gun Club de Jeffrey Lee Pierce. Le décor est ainsi planté, ça aiguise l’envie de découvrir et Miracle, en ouverture, transpire une classe vénéneuse, un climat lancinant autant que vicié, qui attire son homme. On est dans de la beauté tendue, dans du soufre avenant. L’identité du groupe, déjà, est palpable. Heat lightning, assaut rock imparable, honore pour sa part l’option « Fire of love » que les 3 comparses n’ont de cesse de mettre en exergue. Dans sa posture entre nerf et classe, Bambara tutoie les sommets. Sing me to the street, mis en images par le clan, suit et impose un constat: il n’aurait pas dépareillé sur les plages feutrées du sieur Cave. Ses choeurs le magnifient, puis Serafina déboule à toute vitesse, en toute justesse aussi, pour nous repaître d’un rock tendu.
Au milieu de tout ça, de la classe. Supérieure. De la rage, incandescente. On n’est pas dans le paraître, on se contente d’être vrai, entier dans ce qu’on renvoie. Death croons est fait, également, de chair et de sang, d’écorché et de distingué. Bambara ne triche pas, il se livre, entier. Des choeurs « de fille », sur ce morceau, enjolivent et raffinent un contenu déjà merveilleux.
Stay cruel, après s’être annoncé « wild », visite des terres retenues. Les « backing vocals » féminins, si beaux, l’ornent joliment. Ben & Lily, déchaîné, dérape et déboîte. Bambara est bon dans tout ce qu’il ose, on lui tend les bras, ou plutôt les oreilles, sûr de sa fiabilité. C’est Bambara, pas Shakira. Sweat, au titre trompeur, impose sur la fin son rock impulsif. Sans se départir d’une élégance qui ici, revêt diverses formes. Pour notre bonheur, constant. Et parce qu’il est rare, trop rare, de profiter d’un disque sans remplissage. Bambara, lui, s’investit dans chaque note, chaque ligne de chant. Il vit ce qu’il fait.
La fin se profile, on n’a pas vu me temps passer. Elle nous gratifie toutefois d’un Machete subtilement tranchant. Fidèle à son équilibre entre velours et vêture plus rêche, Bambara nous fait don d’un album qui, quasiment, égale ses références et n’offre que des morceaux accomplis. On est preneurs, cela va sans dire. Surtout quand le contenu fait surgir, au détour de l’écoute, des noms aussi prestigieux.