Groupe synth-punk rouennais, sous influence (digérée) Warum Joe, Métal Urbain ou encore Charles de Goal, Perm.36 s’est déjà distingué le temps d’eps voire d’un album (Névroses, octobre 2017) où la clique, forte d’un verbe qui dénonce, dit le vrai sans fausseté aucune. En cela elle est précieuse, elle a de plus le bon goût d’assurer musicalement et sur L’enfer du décor, nous sert un propos acerbe, étayé avec brio par son synth-punk, donc, de belle facture. Ancien combattant, batailleur comme un soldat, tire le premier coup. De canon. Motifs de claviers simples, exécution urgente et paroles sans détour, décapantes et ironisantes, font mouche. On tire à vue. Sur l’absurde, sur l’auditeur. On est pour ça bien armé, textuellement comme dans le son. Patton, pour confirmer, lâchant un flux punk sec et aride que les ritournelles de synthés allègent avec joliesse. On sait faire, on sait dire sans se médire. Nombreux, à Rouen, sont les groupes valeureux. Perm.36 en est, c’est incontestable. Il a de la route, ça lui fait tenir le cap sans souci aucun.
Avec Centrafric (appréciez la finesse du « détournement »), on reste dans l’urgent. Machines une fois de plus enjouées, aux boucles charmeuses, guitares drues et cadence sans gras s’acoquinent. Valeur sûre d’une mouvance expressive, le clan normand se permet même un diatribe contre sa ville, sur le tubesque Rouen. Déjà digne d’écoutes successives, l’ep franchit avec le dit morceau un palier supplémentaire. Il faut dire qu’en termes d’étayage, Perm.36 ne manque pas d’idées. Il s’en tient de plus à une certaine sobriété, parfaitement adaptée au style développé. C’est L’enfer du décor et celui-ci est pourtant plus que plaisant, valorisé qu’il est par 5 plages sans défauts.
Ainsi, on finira l’audition sur WW2, mélopée légère aux voix samplées. Entre le piquant du mot et la rudesse parfois tempérée -avec adresse- de l’instrumentation, voilà un groupe qui, tout en dépeignant une réalité grise, s’illustre de bout en bout sur un nouvel effort de valeur constante.