Français, Sure fait de la « musique sauvage pour garçons faciles », qu’il délivre du fond d’une cave sur ce 20 years qui malgré l’idée de durée qu’il implique est son tout premier album. On sait peu de choses du trio mais l’écoute du disque, entre cold-wave, post-punk et scories shoegaze éparses, vaut largement le détour. Le niveau élevé d’un Precious words, entre voix sensuellement cold, instrumentation enlevée et force de frappe certaine, fait entre autres pencher la balance du bon côté. On trouve de plus une pertinence affirmée sur 20 years, qui ne tarde pas à nous attirer dans ses filets tant What’s left, premier des neuf titres joués, allie adroitement plans dansants -à la New Order ou « un truc du genre »- et énergie d’une ère bénie (les late 70’s). Pour de suite démontrer qu’avec ce trio soudé, nombreux seront les passages de choix.
On est plongé dans un univers qui, s’il se veut obscur et régulièrement vivace, exerce aussi son emprise sur des tempos plus retenus (Morrows). Sure est de plus simple dans sa recette, évitant le recours au « trop ». Ca sert l’intérêt de l’opus, intéressant de bout en bout, serti de nappes sonores qui en renforcent la texture.
Avec Tasting revenge, on est proche de Joy Division. Tout au moins sur l’amorce, Sure prenant assez vite la direction de contrées plus individuelles. Il est évident qu’au sein du groupe, on s’affaire à labourer son propre sillon. On y est à son avantage, l’éponyme Twenty years privilégie une option céleste qui tranche avec le reste et apporte autre chose à l’essai, déjà abouti, en s’envolant après une (trop?) longue introduction. Alors qu’Another girl, gris, fait ensuite parler la poudre à bon escient. A cela il adjoint des parties plus vaporeuses; la dosage est juste, on culmine encore, pour le coup, sur des sphères cold enivrantes. Encore une révélation issue de chez nous, suis-je alors amené à constater, heureux de me rendre compte qu’une fois encore, la qualité pullule dans l’hexagone. Le bien nommé Relief, doucereux dans ses atours sombres, la faisant à son tour éclater.
Le rendu, en outre, se départit assez peu d’un parti-pris alerte. Lying dead suit cette voie, il laisse les sons fuser et traverse un monde underground dont Sure se réclame à juste titre. Presque mécanique, par conséquent obsédante, la musique -facile- pour garçons -sauvages- du combo le distingue d’ores et déjà grandement. Sinking story, pour finir, aborde des rivages psyché, dénudés, qui calment le jeu après une belle débauche sonique. L’affaire est entendue, Sure est une valeur…sûre et 20 years, qu’on espère prémonitoire en termes de durée de vie, nous dévoile un groupe à suivre avec attention, fort d’un « debut album » sans failles.