Composé de membres de Seal of Quality, Vagina Town et Les Agamemnonz (si avec ça y’a photo, y’a plus qu’à remballer), Pyjamarama a joué dans ma ville fin 2018, avec Binidu qui plus est. Je n’y étais pas mais l’occasion m’est offerte, avec ce Simple living jubilatoire, de me rattraper en écoutant et réécoutant ce « rock du futur » aussi foufou que parfois doux -souvent même les 2-, d’humeur instable qui se traduit, de façon récurrente, par des passages à l’acte…sonique. C’est le 2ème album du clan français, c’est une pépite et Signals, d’emblée, fait péter les chaines. On y trouve le côté versatile d’un Deerhoof, cet allant doublé de voix soyeuses. Un break survient, inattendu. On est déjà bringuebalé, les synthés s’accouplent à des guitares griffues et la cadence galope derechef. Trop bon Gaston! Joyeuseté pop, exploration sonore dans les recoins, rythmes au contraire de l’immuable rendent le bazar absolument irrésistible. Dans son bric à brac sonore, Pyjamarama se montre agité, trouve des sons auxquels personne n’a pensé et rugit avec classe (Flatland). Sa pop faussement polie, merveilleuse (Cool off), achève de nous rendre dépendants.
Cosmique (un peu), impulsif (souvent, en atteste entre autres l’excellent Yacht game), Pyjamarama séduit. Ses chants se marient, ses mélodies sont impolies. Il met le souk avec entrain, pétille et fait reluire ses mélodies, qui sombrent à l’occasion dans des terminaisons noisy. Pitfall, furieux puis cotonneux, joue sur les contrastes avec la maîtrise de ceux qui l’ont pensé. Et qui, dans la foulée, balancent un rock fonceur, claviers dingues en renfort, quand arrive The zone.
Impossible d’endiguer le flux, d’épancher ce surplus d’idées, d’énergie contagieuse. Ca s’attrape, oui, la joie du son, le bonheur de tout envoyer valser dans une euphorie totale. Ca se propage, le virus est pour le coup salvateur. Silent gardener, poppy mais très vif, joue avec le format pop. Eclat vocal, groove d’un ornement de choix, accélérations approuvées produisent encore une fois des sensations fortes, induisant un bonheur indélébile. La musicalité de ce Simple living est frappante, frappée aussi. On les aime fous, nos Pyjamarama; on ne cherchera pas à les raisonner, c’est dans ce versant barré qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes. Ils le font, sur leur Heat beam, en alliant encore une fois beauté, sagesse apparente, et beignes délivrées avec bienveillance.
On regrette, de fait, de devoir les quitter. Avant ça, le psyché-kraut fuzzy de Palatibility nous émerveille à nouveau. Ses voix, c’est de la crème. Ses notes, un élixir. Vicié et élégant. Il sera vain, une fois encore, de chercher la faille ou de tenter toute opposition. On succombe. Dignes de leurs groupes d’appartenance respectifs, les zicos de Pyjamarama donnent un coup de fouet décisif à l’avancée du projet. Ils tirent une dernière fois à vue avec S.L.C. (Smart Lads Commitee), futuriste, indomptable, jouissif et jouisseur. Les sautes d’humeur de nos trublions préférés, là aussi, engendrent un rendu de génie. Excellentissime!