SEC? Oui, comme un coup d’trique. Dur et Doux? Oui again, c’est d’ailleurs leur label (sachant qu’à l’occasion de cette sortie, une nuée d’autres structures bien indé se joint à la liesse). Aventureux? Je veux mon n’veu, rien que l’intitulé de ce nouvel essai le laisse présager. Mais c’est le contenu, cinglé-cinglant, pas fait pour et par des glands, qui illustre le mieux la démarche, plurielle et « unissante », du projet. Parce que Sec, pour le coup, divague soniquement sur L’aventure complète de George Gallamus. Mais pas seulement. Il t’offre (bon ok faut l’payer mais il vaut très largement nos pesetas, que je n’ai pas déboursés car j’écris des articles) un vinyle splendide, à l’intérieur duquel se trouve le CD de l’album, mais aussi un CD des aventures apocryphes de George Gallamus* (soit 30 aventures parallèles composées et interprétées par autant de musicienNEs ou groupes invités), et de 9 cartes illustrées par Emilie Route, Leo Désastre, So Ia, Vincent Fortemps, Leo Thoyer, Anto, Cyril Van Weensberge, A4 putevie et Lor.
Une aventure, donc, c’est le moins que l’on puisse dire, illustrée avec maestria dans l’image comme dans le bruit. Sec, sur ses neuf titres à rallonge dans leur nom comme dans leur durée et surtout leur impact, affichant un putain de génie, en corrélation bien sûr avec la ribambelle d’invités au festin. George Gallamus et les milles malices, décliné sur 13 minutes sans foi ni loi, fait déjà dans la fantaisie captivante. Noise? Jazz? Funky? Tout ça d’un coup, mon général! Ca pulse et ça groove, ma louve. Ca se définit pas, papa. Ca s’écoute en se caressant les gougouttes. Un break survient, la furie sonore reprend les commandes. George Gallamus se baigne en montagne suit, plus court (normal, l’eau est fraîche dans les rocheuses), respirant un jazz indiscipliné. Un délice, Maurice. Frappadingue, à l’image de ce George Gallamus et le tonnerre de schiste qui crache des éclairs…à la crème Primusienne.
On se fait bouger, c’est ce qu’on est venu chercher et on tombe ensuite sur un nouveau morceau long. Tumultueux, instrumental, posé aussi quand il retombe, il joue d’un équilibre incertain. Et pourtant, il retombe sur ses notes. Tiens, un chant complètement wild vient le décorer en bout de course. George Gallamus et l’usine secrète d’Estagel, c’est son nom, laisse des traces et dézingue sa race. Il se voit relayé par l’exotique et dépaysant George Gallamus, une nuit sur le mont Tauch, by Nicolas Gardrat. Sons en cascade, déviants tel Chapelier Fou (c’est encore une fois une histoire de folie qui touche au génie), paroles à l’opposé du raisonnable. Rythmique épileptique. T’en veux encore Hector? George Gallamus n’a plus de feuilles, oh bordel quelle aventure!!!! C’est encore une fois à Les Claypool et ses acolytes que je songe, mais c’est Sec qui nous inonde. Qui s’y frotte s’y pique (l’excellent et fracassant, lui aussi, George Gallamus a marché sur une abeille) et en récolte, au final, pour son fric.
C’est ensuite à Narbonne qu’on s’enfile de la bonne. George Gallamus, vengeance à Narbonne. Haché et frontal (oui c’est possible), joué dans une maîtrise teintée d’une démence que le chant surligne sans raison, le dit morceau te met un bon coup d’massue. On commence ensuite à récupérer, avec difficultés. On se dit que c’est fini, on est séduit. Mais Tout est à nous, l’espace de 18 minutes qui dégomment avec subtilité, consacre Sec. Tout l’plaisir est pour nous. On est encore un coup chez les fous, entre vocaux qui bifurquent, riffs dynamite, cadence que personne ne contrôle à part ses pères, feeling fusion jazz-noise à l’inspiration shootée à la passion. On s’incline et après le Grand Sbam et bien d’autres issus de l’écurie Dur et Doux « from Lyon », Sec nous fait don d’un objet merveilleux, majeur tendu au conformisme. Une aventure, comme annoncée, proche de la biture stylistique et intensément personnelle bien qu’élaborée dans un cadre collectif et fédérateur.