Déjà sorti en K7 sur Soza, fin 2018, le fabuleux Kids are lo-fi des rouennais de We Hate You Please Die fait l’objet d’une ressortie, via Equilibre Fragile Records et en accord avec Kids are lo-fi Records, sur le même format. On y trouve en toute fin de bande une reprise du Coat de Chokebore mais avant cela je repasserai, ne l’ayant pas fait et en ayant le regret, sur l’impact d’un disque qui honorera grandement, une fois encore, Rouen et ses clans valeureux qui nous rendent heureux. Parce que c’est pas rien, tout ça: We Hate You Please Die, non content de détonner avec son patronyme offensif, nous régale. Il nous gave de chants fous, de choeurs féminins délicieux, de hurlements déments, d’un rock qui louche autant vers les Pixies que côté B 52’s quand il se « poppise » légèrement tout en continuant à bazarder tout (True men don’t drink milk). C’est garage et tout en nerfs, ça flirte avec les Cramps (Rita Baston), ça ne se soumet jamais et ça met du sucré occasionnel sans sa chaudière rock, qui turbine sévère. Un vrai festin sonique. Melancholic rain, aussi impétueux, riffe et hérisse les tifs. Les voix s’y répondent fiévreusement, aucune d’entre elles n’incite à la sagesse mais c’est normal; On te déteste, meurs s’il te plaît….et surtout écoute ce disque. Il arrache, sa féminité canaille un brin riot (Minimal function) lui refile de l’envergure. Déjà qu’il en avait à pleines cuvées, tu imagines bien Régine que ça n’arrange pas l’affaire…
Au contraire, ça corse l’ensemble et We Hate You Please Die, l’équivalent toute fougue dehors d’un JC SATAN, se la joue derechef à l’arrache maîtrisée sur Hortense. Garage, post-punk, « indément » tubesque à chacun de ses essais, le quatuor normand produit un vacarme stylé. Sur un rythme qui baisse rarement, son Got the manchu laisse chant de mec et choeurs de donzelles s’accoupler; ça fera de beaux bébés. On s’enivre de ce combo remonté, qui nous met des coups de massue à chaque riff, à chaque frappe sur les fûts, et dont les vocaux crachent une rage allégée par les « backing vocals ».
Figure it out, comme pour démentir mes propos, impose une -superbe- amorce folk. Il est beau ce morceau, mais il n’omet pas de s’envoler suivant une plage rock leste, acidulée, qui permet un forme d’intermède de toute classe dans ce Kids are lo-fi exemplaire. Actuellement au début d’une tournée d’environ 15 dates, qui les verra jouer avec Frustration, Von Pariahs, Johnny Mafia ou encore Rendez-Vous (autant dire le gratin du rock incontournable), We Hate You Please Die dispose avec son album d’un atout que peu possèdent, si ce n’est les formations citées précédemment. Kill your buddy, punky dans sa colère, post-punk/lo-fi (on y revient forcément…) dans le ton, ne ménage personne. C’est du rock, du vrai; pas celui des ondes. On s’entoure en outre bien (Recorded by Maritime Manson; Hugo Magontier, Mastered by Robin Plante; il y a pire comme « aidants »). Et le format K7, « excuse-nous », est d’une classe vintage renversante.
Tapageurs, ces 4 là signent un sans-faute, lâchent la laisse de leurs sonorités (Structure). Pour nous laisser un telle offrande, ils ne doivent pas nous détester autant que prétendument. Ils susurrent d’ailleurs, preuve d’un amour indéfectible, sur We hate you please die. Superbe effort indé insidieux, d’abord retenu, ensuite asséné, noise et cogneur, c’est le dernier tir nourri d’un artificier qui nous fait mordre la poussière, dans une union groupale qui lui permet de se hisser sur les plus hautes marches de l’échiquier musical du pays. « We hate you, please die », répète le morceau: avant cela, on se sera gavé de vie, de bonheur auditif, à l’occasion d’écoutes compulsives. Que la cerise sur le gâteau, ce Coat à la douceur introductive délectable suivie d’une galopade rock cinglante et cinglée que Troy Von Balthazar ne manquera pas d’honorer, rend encore plus savoureuses. Un must définitif, sans répit ni temps faibles, jubilatoire et d’un niveau déjà élevé, pour une première sortie, s’agissant d’un groupe encore « jeunot » de par son âge.
Bandcamp Equilibre Fragile Records