Projet d’un Américain nommé Neil Barrett, dont la « folie » va jusqu’à questionner Brent Hinds de Mastodon, qui se demande si l’artiste ira jusqu’à tuer des gens, Pornohelmut fait dans l’indus sans jamais s’y enfermer. Il malaxe le genre, le triture, lui donne des abords psyché fous (Night rider), et signe avec ce Bang Lord, soit son premier album, une rondelle qui fera bien plus que nous marquer…au fer rouge. Celui d’un univers débridé, où l’audio-visuel tient une place de choix et l’inventivité prend les commandes du vaisseau. Lequel, embarqué dans une folle équipée, quitte déjà son cap avec le hurlé Astroglide. Ce dernier met une cinglante mornifle à Ministry, administre à qui le voudra un rythme indus leste et des accélérations qui soudainement secouent un morceau déjà bien agité. On y colle des sons dérangés et au final, pas besoin de plus: l’amorce, sans délai, fait son -grand- effet. Connu, aussi, pour ses shows mémorables et déjantés (il a partagé les planches avec Mastodon, Genghis Tron, Jucifer et Melt Banana qui à mon humble avis s’en souviennent encore), Pornohelmut est visiblement affairé à dessiner ses propres traits.
Il le fait bien, Bell ringer fait plus de boucan qu’un simple bruit de sonnette: indus également, il inclut dans sa furie des sons en vagues, échappés d’un cortex aussi dingue que génial. Alors que Mother duster, voix samplées à l’appui, convoque vocaux haineux et cascade de percus endiablées. Endiablé, mais aussi inventif et personnel, cathartique même; voilà quelques qualificatifs qui pourraient décrire l’album, véritablement bon, et prenant, avant toute chose. Pornohelmut, sous le joug donc de Barrett, aérant de temps à autre son registre, y plaçant de relatives accalmies avec le plus grand naturel.
Ce n’est pas le cas sur Ultra mega, où électro sans chaines et pluie de…percus, encore, déchaînées mais aussi dépaysantes, font le ménage dans nos caboches. Extrême mais réfléchi, Bang Lord livre plus loin des mélopées psyché-psycho-soniques saccadées, génératrices à leur tour de dommages mentaux bienfaisants (Wizard sleeve). Courts et puissants, ses morceaux nous mettent en morceaux, contournent cependant l’écueil de la puissance à outrance, et dévoilent un musicien hors-champ. Talentueux, tempétueux, orageux, fortement plaisant, en tous les cas, de par son oeuvre et son esprit décalés. On prend, c’est évident, car c’est de nos jours devenu un besoin face à l’insipide de la production musicale.
En fin de course, Black magick dope sack joue une forme de drum’n’bass dopée à l’indus, instrumentale, au tempérament changeant comme partout ailleurs sur ce disque. Celui-ci est une réussite, un condensé de rage spirituelle dans sa démence, qu’on pourrait rapprocher dans la démarche de Kaosis, agitateur de sons issu du même label sévèrement « Atypeek » et lui aussi vertueux autant qu’irrévérencieux. Signe que l’apparente tourmente attribuée à certains, dès lors que leur ouvrage suinte la rage et dévie sans détours (mais avec imagination), permet une fois le rideau tiré des découvertes dont on suivra le parcours avec la plus grande attention.