Posé à Padua, en Italie, Talk to Her sort avec Love will come again son premier album. Un premier EP (Home, mars 2018) a vu le jour et ici, le groupe fait montre de ses dispositions en signant une belle enfilade de titres entre cold-wave, rock et électro, dont la new-wave n’est pas exempte. Interpol est dans le viseur (Ibisco, clippé par le clan et sûrement l’une des « locomotives » du disque), on y fait un bel usage des claviers et l’énergie y préside pour un plaisir souvent renouvelé. C’est pourtant sur des bases hésitantes, assez subtiles, que le décollage se fait (Innocence), mais le rendu gagne assez vite en force de frappe. De cette amorce entre vigueur et couleur céleste, on passe à un Truth qui se rapproche de Depeche Mode, vocalement, avant d’installer une cadence vivace. On note, déjà, la valeur de l’ouvrage. Puis Hollow, bien cold tout en se parant de sonorités bourrues, permet à Talk to Her de de composter son billet; le doute n’est plus permis, on passe avec ce disque un cap, on s’affirme et on creuse un sillon attrayant bien que déjà pratiqué par d’autres.
La différence réside dans la solidité, récurrente, des chansons. Dans l’allant renvoyé aussi, ou dans ces options obscurément mélodieuses (Set me free) dont les Italiens ont le secret. Sans révolutionner son créneau d’appartenance, Talk to Her lui apporte une contribution à ne pas sous-estimer. Qui lui permet, sans hâte, de gagner du galon.
No other view et son électro-rock remuante, ses claviers et guitares dont les notes séduisent, maintient ainsi une visée sombre, une fougue bienvenue. The caller fait de même et là où d’autres marquent le pas, Love will come again demeure enlevé. A dominante cold mais sans en faire son unique abord, il tente une incursion, creuse, en eaux plus aériennes (Wiew (reprise)). Il convainc bien plus sur Away afraid, où l’organe vocal évoque à nouveau le combo de Basildon cité plus haut, doté d’un étayage électro-pop bien ficelé. Sur sa seconde partie, le morceau s’emballe d’ailleurs avec pour effet…de nous emballer bous aussi. Organique et synthétique s’y associent sans nuire au résultat.
Enfin, Confessions accoste pour finir dans des sphères un tantinet trop feutrées. On n’y démérite pas, mais le parti pris subtil et tranquillisé qui est le sien ennuie légèrement. On manifestera par conséquent une adhésion plus marquée pour les temps ou Talk to Her, inspiré et débridé, lâche les rêne et laisse le chaudron bouillir. C’est le cas de façon fréquente, suffisamment, en tout cas, pour faire de Love will come again un album de qualité, à peine « gêné » par 1 ou 2 travaux moins directement accrocheurs.