Projet, hébergé par Moodhouse (le label de Moodie Black) d’un « MC-DJ-Producer-Artist » à l’oeuvre plus longue que les bras gauche et droit réunis, Chief and TheDoomsdayDevice fait dans le noise-rap avec ce Panic Ruminations, EP dont les six titres obscurs ne laissent planer aucune forme de doute quand à l’humeur du gaillard et s’agissant de l’option empruntée. Déjà à l’ouvrage depuis une paye, le ressortissant d’Austin malaxe vivement rap pénétrant, guitares à la lisière du shoegaze et rythme aussi sec que leste sur le premier morceau. Un Offhand elegy à la tchatche sombre, d’autant plus efficient que sa durée est très réduite. Le premier godet avalé, on reprend une salve du même sirop avec Birds eye view, où la cadence prend une tournure plus vive. Les ingrédients restent inchangés; on aurait tort d’y toucher, ce sont les armes décisives de l’Américain. Elles frappent fort, découpent un jargon musical puissant dans une couenne hip-hop bourrue, et abattent tout récalcitrant en même temps qu’elles imposent des nappes sans lumière.
Avec The lesson, saccades et sons vaporeux se donnent le change. Progression inexorable et avancée « éléphantesque » amènent au morceau mentionné une force considérable. L’impact des vocaux va de pair avec des sonorités dark et acides. L’alliage fait rage et le genre ainsi enfanté, actuellement en pleine expansion, trouve ici ses notes de noblesse. Le tout sans l’esquisse d’un rictus, asséné avec la puissance d’une roquette.
Lien d’écoute (exclu Muzzart) :
En effet, on se prend l’effet dans le buffet quelle que puisse être la matière usitée. Une forme de psychédélisme leste émane de The limit is mythic, Chief and TheDoomsdayDevice faisant preuve, pour le coup, d’une dextérité proche de celle qu’affiche dans la constance Moodie Black, sa protectrice et responsable de label. Mainline ne l’en fera pas dévier; aussi massif que le reste, il est loin d’être en reste. Ca sonne comme une guerilla, ce noise-rap, et ça prend des alors de fin du monde sonique. Avec des guerriers vocaux de cette trempe, avec, aussi, un son si perçant et « nouveau », on ne s’étonnera guère du tourbillon sensoriel généré.
Seul, « Chief » dégage la vigueur d’un troupeau de bisons. Horror garbage, d’un poids sonore incroyable, porte ainsi le dernier coup de corne, l’ultime charge fatale à l’auditeur qui se retrouve terrassé. Panic Ruminations s’écoutera malgré son titre sans ruminer, mais plutôt poing levé et l’écume aux lèvres. Prêt à en découdre, Chief and TheDoomsdayDevice attend l’adversaire de pied ferme, sûr d’un registre sans brèches, cimenté par 6 parpaings soniques solidement ancrés bien qu’un peu brefs et abrupts dans leur terminaison pour certains d’entre eux.