Des nantais de Von Pariahs, je retiens jusqu’alors et avant tout un premier album incandescent (Hidden tensions, 2013), un concert puissant à la Lune des Pirates d’Amiens (décembre de la même année), ainsi qu’un second disque (Genuine feelings, 2016), dans lequel je n’étais « rentré » qu’après une longue exploration, pour finalement l’aimer parce ces gars-là, je me plais à le dire, sont doués. Les 2 premiers opus étant sortis chez Yotanka, ce Radiodurans voit le jour chez Mus’Azik et à l’écoute, il semblerait que la clan de Sam Sprent ait creusé un sillon (encore) plus « à lui », où les excès sonores qui sont les siens, souvent d’exception, côtoient un calme relatif ou, plus souvent, sous-tendu. Où, aussi, on croit à certains moments percevoir un Sloy (pour parler des groupes méritoires de l’hexagone) ou un Talking Heads égalés dans leur impact sonique.
C’est The bigger picture, fiévreux et bardé de motifs à la Byrne et consorts, qui sert pour débuter un post-punk aux relents funky triturés. Une belle réussite, de suite, qui fera de plus bouger les bassins. Et dont les riffs et motifs évoquent le…Sloy d’Armand Gonzalez. Mais à la sauce Von Pariahs. Decisions, fort de ces mêmes sons ingénieux, d’un refrain qui sera retenu, validant la forme optimale d’une clique unie. Laquelle se fend ensuite d’un effort plus climatique, mais de façon entraînante, avec Nothing something. A la fois nuancé et outrancier (Von Pariahs excelle dans cette forme d’opposition), il réinstaure des gimmicks prenants. Claviers et guitares brodant, réunis, des trames de bon aloi tandis que le chant habité de Sam, qui ne manque pas d’âme, y va de ses assauts.
Suffocate, ensuite, évolue dans la retenue, on le sent « montant ». Pourtant, c’est sur un break aux limites du psychédélisme qu’il débouche. Mais les guitares, puissantissimes, font parler la poudre. Soniquement c’est la déjante, savamment orchestrée. Qui retombe sur The west, plus planant en son début avant d’imposer, on ne le déplorera pas, de soudaines déflagrations. Variable dans ses climats, mais sans cesse attrayant, Radiodurans tient la route, qu’il quitte parfois pour des dérapages « à la lui-même ». No legs, dont on attend l’explosion, nous la sert, courte et d’autant plus notoire. Avant le feeling funky bondissant de Communication, entre Gang of Four et…Talking Heads, tout en notant bien que Von Pariahs ne doit ici rien à personne. Entre mélodies et attaques frontales, sous couvert d’inventivité dans ses notes, il réalise un album imaginatif, pluriel dans ses humeurs, accompli.
Inhale exhale, déchiré par des bruits mordants, aux saccades entêtantes, balance lui aussi un pavé qui après avoir atteint la marre sera loin de faire tache. A classer parmi les groupes confirmés de Nantes, et il y en a une sacrée pelletée, Von Pariahs nous régale ensuite d’un subtil Envious eyes R2 correct, presque pop mais aussi un brin cold. Il monte en puissance, prend la tangente d’un orage sonore bienvenu. Dans une mélopée enfiévrée, Radiodurans fait montre d’une fougue racée. Il se termine de plus avec un Drinks appuyé, dépoli, que les claviers décorent de boucles célestes alors que dans le même temps, guitares et rythmiques lui insufflent de la rage, de l’embardée aux poings serrés. Un break survient puis la tourmente sonique reprend ses droits, faisant loi, dans une alternance tenue avec les trompeuses accalmies instaurées. Von Pariahs dépose entre nos fouilles un opus à nouveau de choix -le 3ème, tout de même et déjà-, qui ne laissera planer aucune forme de doute sur ses aptitudes.