Originaire d’Athens (Georgia), Of Montreal a dans son sillage un nombre d’albums si élevé que les compter reviendrait à perdre du temps, le mieux étant encore de passer à l’écoute. Avec ce Ur fun vitaminé, où les genres et époques se croisent et se donnent l’accolade, on a de nouveau droit à quelques ritournelles d’une pop synthétique enlevée, d’obédience 60’s (Peace to all freaks en ouverture, un Polyaneurysm mélodieux, charmeur de par ses choeurs et son allant), mais aussi à de merveilleux coup de bélier bien rock (le riffant et excellent Get god’s attention by being an atheist). De rêveries sautillantes qui ne susciteront pas de lassitude en efforts rudes, en employant des motifs qu’on remarque (Gypsy that remains), le lyrisme exaltant de Kevin Barnes et les siens virevolte, enjoue, dépayse aussi ça et là (les sons du dit Gypsy that remains), met en scène des guitares ardentes. Dans le chant, dans les textures, Bowie n’est jamais très éloigné.
Quand la mélancolie s’impose (You’ve had me everywhere), c’est avec entrain. La valeur des mélopées est persistante, le choix de l’ornement judicieux. Il nous emmènerait presque dans les cieux. La pop griffue-élégante d’un Camillas of love (j’ai cru y entendre un Supergrass plus délié qu’à l’habitude) fait elle aussi pencher la balance du bon côté. Bien fringué, Of Montreal n’oublie cependant pas de maculer sa vêture et on approuvera l’idée.
Ainsi, Don’t let me die in America suinte un rock vitaminé, batailleur bien que mélodique. Un titre fort de plus à mettre à l’actif de la formation américaine, en plus de concerts parfois étendus jusqu’en début de nuit (j’ai encore en mémoire les plus de 2h30 de set du groupe, à la Lune des Pirates d’Amiens, en juin 2007). A l’issue de ce rock hérissé, St. Sebastian renoue avec le format pop un brin psyché du groupe, toujours sur un ton vivace. Tout lui réussit, si la base est pop on dévie de temps à autre vers d’autres contrées, de façon maîtrisée. Ur fun est fun, oui, mais avant tout captivant, abouti et jamais lassant. L’électro-pop « psych » de Deliberate Self-harm Ha Ha, placée juste avant le terme de ce disque au delà de l’estimable, plait par sa coolitude animée.
C’est une évidence, Of Montreal trouve depuis belle lurette la place, de choix, qui lui revient. Un essai de la trempe de ce Ur fun y posera une nouvelle pierre solide. L’énergie ensoleillée de 20th Century Schizofriendic Revengoid-man, dernier morceau bien rock, dont émergent les mélopées « home made » du groupe, y posera le ciment. L’édifice étant quoiqu’il en soit depuis longtemps bien campé, étayé qu’il est par une série de sorties non seulement fréquentes, mais aussi sans faiblesses criantes.