Réduit au duo Federico Pellegrini/Eric Pifeteau, soit 2 anciens Little Rabbits, notre précieux French Cowboy and the One fait son -grand- retour avec AF, nouvel album où les 2 hommes complices en diable ficellent 11 morceaux de haute volée, plutôt remuants et obscurs. Ceci sans se départir de la classe verbale, à l’aise dans ses chemins de traverse, instaurée par le premier des 2. Leur rock fait du bruit, de manière jouissive et jouisseuse. Il louche vers un Jon Spencer, un Bikini Machine ou encore un Suicide pour la démence qui s’en extirpe (Avant et ses gimmicks délicieux), pour ce groove indiscipliné qui en fait la sève. Disco flash, essai inaugural aux contours funky acides, dansant, n’aurait d’ailleurs pas dénoté sur le Full album des rennais. A sa juste place entre élégance et encarts tranchants, il ouvre la voie à une série irréprochable. On retrouve, intact, le savoir-faire décelable depuis, déjà, l’époque Little Rabbits et tout au long de la carrière fournie des 2 intervenants. Embrasse, à l’électro-rock appuyée que des claviers sertissent joliment, au fond légèrement cold, justifie son statut de single, déjanté et pourtant bien mis.
Serrer, relents funky racés aidant, fort de sons qui une fois de plus assombrissent et encanaillent le tout (Suicide n’est pas loin), brille d’un sombre éclat, ses voix s’y répondent en créant un contraste saisissant. Muni d’idées porteuses, French Cowboy and the One évolue dans son créneau, y adjoint un tapis de sonorités ingénieuses, et fait de plus preuve d’une certaine vigueur, d’un allant à l’encontre du lent (Vivre, d’une robe tout aussi seyante). J’entends aussi ça et là, dans ce AF élevé, les options lo-fi savamment bricolées du temps, encore, des Little Rabbits. Avant lâche ses noms et souffle un rock impulsif perlé, à nouveau, de sons bien trouvés.
In utero, au mitan du disque, instaure une finesse vive et saccadée. Des traces fuzz le zèbrent, on tient là une énième réussite sans appel. French Cowboy and the One baisse quelque peu la garde, mais persiste dans la panache textuel et la subtilité distinguée de l’enrobage. Qui, comme souvent ici, prend ensuite des abords plus rudes, plus souillés. Les climats ainsi créés sont accrocheurs, personnels. Avec Evel, on s’embarque dans un rock bourru, aux riffs durs. Ca dynamise d’autant plus un AF déjà séduisant au possible. Que Pac, vivace lui aussi, crédite autant. On ne s’ennuie pas, on est au contraire entiché de l’album, de ses mots et motifs, de ses atmosphères viciées et enlevées qui l’emmènent haut. Rev et Vega auraient d’ailleurs approuvé les sons qui jonchent et pervertissent ce Pac de haute volée. L’ensemble incitera même l’auditeur à aller piocher dans la discographie antérieure du sieur Pellegrini et son fiable acolyte, évidement recommandable à tout un chacun.
On en est presque au terme du trip, Tasaime y place un rock délié mais vicié. On adhère à AF dans son intégralité, celui-ci s’écoute d’une traite, cohérent et d’un bel unisson. Truffé de pépites sonores et d’arrangements à la beauté dépeignée, il s’achève au son d’un Danser doux dans le chant, bourru dans son écorce. Une ultime giclée de haute qualité, classieuse et noisy, qui couronne un retour marquant de A à Z, où élégance et dépenaillement savamment pensé accouchent de la meilleure des issues. Superbe disque, qu’une tournée hexagonale nous donnera l’immanquable occasion d’estimer sur les planches à partir du 23 janvier.