Quatuor lyonnais, au départ duo né de la rencontre entre Uriel Kadafi (A Far-Off Reason, Triceracops) et Raphaël Léger à l’automne 2014, vite rejoints par Yann Marteil (Garmonbozia, A Shrimp Case) et Louis Weill (A Shrimp Case), Bilal fait dans le math-rock. Il le teinte de post-rock, plutôt bien disséminé, et l’affuble d’un chant -trop- occasionnel. Ce Bilal éponyme est le premier album de la clique, porteur de six titres dont l’un, le tout dernier, est orné par le « cello » de Manon Louise Rudant.
A l’écoute, on n’est que peu surpris. C’est somme toute logique, le créneau est déjà chargé et depuis longtemps investi. Mais Bilal, qui profite ici d’une coprod’ entre 4 structures, fait les choses de belle manière. I. (Fièvre) lui offre l’opportunité d’étaler un paysage post-math soigné-agité, aux humeurs variables. Un clavier tourbillonnant fait ici monter la sauce, le rendu est honnête en dépit du peu d’innovation amenée. II. (Zeste), qui comporte du chant (l’idée est judicieuse), suit cette même trajectoire entre finesse et impact, qui nous permet de noter d’une part la maîtrise des Rhodaniens et d’autre part, la qualité de ce qu’ils entreprennent. Ils offrent, en surplus, de belles déflagrations qui surplombent leurs motifs post-rock. On retrouve ce chant sobre sur III. (520 Térahertz), plus long. On continue à s’inscrire dans une mouvance hybride, aux coups de sang bien amenés.
L’expérience de ses membres, majoritairement issus de la scène « noise bizarre » lyonnaise, débouche sur des efforts aboutis. On attend néanmoins le petit plus, la touche individuelle qui fera la différence et démarquera complètement Bilal, détenteur avec ce six titres d’une carte de visite attractive. Sertie, aussi, de petites touches aux confins de l’exotique (V. (Soufre)), de plans saccadés qui feront bouger les corps. Et servie par une simplicité, ou plutôt une complexité mesurée qu’on estimera, le genre math tendant parfois à tourner à la démonstration. Bilal fait le choix d’une certaine sobriété, et un non-choix entre finesse et coups de boutoir. Il marie même les 2, sans faillir.
En guise de conclusion, il s’offre donc le « featuring » mentionné plus haut, d’un bon apport. Le morceau concerné, VI. (22h22), s’étend sur plus de 8 minutes qui pourraient faire craindre l’ennui. La crainte n’est pas fondée; constamment remuant, constellé de riffs puissants et de claviers discrets, l’ultime effort de Bilal ne le met pas à mal. Il en résulte un disque de bonne facture, qu’on espère voir suivi de sorties à venir plus délibérément personnelles.