Après son excellent Lost & found (avril 2018), le clan parisien En Attendant Ana ressort l’artillerie lourde noisy-pop/lo-fi sur Juillet, nouvel album appelé à sortir…en ce mois de janvier. Enregistré au studio Claudio, dans la campagne francilienne, en une semaine, celui-ci se nourrit des pertes et transitions ayant émaillé la vie du groupe, mais aussi celles de ses membres, avec pour finalité l’acceptation de soi et la différence. On sera pourtant loin de s’en lamenter!
Il semblerait en effet, c’est même à l’écoute une certitude, que ce flot de faits parfois contraires, et l’inspiration qui en découle, aient une nouvelle fois porté leurs fruits. On retrouve avec une joie non dissimulée, inutile de s’en cacher, les élans 90’s enfantés avec maestria par Margaux Bouchaudon, chanteuse et parolière, et les siens. Si un soin plus grand est apporté aux arrangements, le côté frais et spontané du quintet est à nouveau de rigueur. Down the hill, en amorce, ne trompe d’ailleurs pas; lo-fi, il alterne entre rugosité et breaks fins, les chants féminins apportant le « sucré » nécessaire à ce que d’emblée, on se retrouve séduit. Do you understand?, comme si nous n’avions pas compris ou pour s’en assurer, déversant ensuite une noisy-pop mélodieuse, mais impétueuse, à la The Pains of Being Pure at Heart. Les atours débraillés-maîtrisés des morceaux de Juillet constituant de surcroît une ressource supplémentaire, qui créditera d’autant plus le disque en présence.
Avec Somewhere and somehow, on reste en terrain rude et doux, saccadé et entraînant. On s’y plait, la chanson en question est un délice de pop fougueuse et In/out lui succède un peu sur le même mode, doté de guitares dont les riffs le « dopent » efficacement. Ceci avant que From my bruise to an island, finaud sur ses premières notes, ne développe une trame shoegaze de rêve, décorée à la trompette. Il en émane une forme de psychédélisme rendue « sonique », dans l’élégance, par l’instrumentation. On se régale, le panel n’est jamais fermé mais En Attendant Ana nous réjouit avec sa prédilection pour des eaux agitées, issues d’une époque que nous sommes bien peu à réfuter. Et que Flesh or blood, taillé dans ces élans noisy vifs et pétillants, aux reflets shoegaze une fois encore, honore grandement. Validant ainsi le retour de haute volée d’une formation signée, gage de qualité affirmée, chez Trouble in Mind Records. Et coupable, après tout cela, d’un Enter my body (Lilith) où la trompette, à nouveau, orne l’essai à l’unisson avec les instruments plus usuels pour un résultat très au dessus du tas, aux choeurs qui font chaud au coeur. Avant une fin débridée, que la batterie emmène sans ralentir.
On l’aura saisi, Juillet ne s’écoutera pas que l’été; c’est l’année entière qu’il embellira. Son Words à l’habillage free et dérapant, alerte, est une merveille. Une de plus, devrait-on dire, dans un opus qui file la pêche. Tout ça En Attendant Ana, qui elle aussi prendra un vif plaisir à l’écoute de l’essai. Celui-ci n’étant toutefois pas fini puisque When it burns, lente souillure dreamy-shoegaze, laisse entrevoir la fin de la liesse sans lâcher la rampe. La terinaison sera d’ailleurs, comme on pouvait s’y attendre, piquante et soyeuse, vivace, avec The light that slept inside. Une ultime perle d’indie-pop pétulante, rayonnante, jamais soumise, signée par 5 musiciens ayant jusqu’alors comblé les attentes à chacune de leurs sorties.