Après un Castle spell (février 2018) déjà jouissivement bruyant, le duo de Porto Sunflowers réinstaure son rock psyché avec l’appui, cette fois, d’un 3ème larron en tant que musicien additionnel. FREDERICO FERREIRA: BASS, VOCALS, NOISE, PERCUSSION, vient ainsi rejoindre la paire de début, soit CAROLINA BRANDÃO: DRUMS, VOCALS, SYNTHS & KEYBOARDS, DRUM MACHINES, THERAMIN, EFFECTS, NOISE, PERCUSSION, et CARLOS DE JESUS: GUITAR, VOCALS, BASS, SYNTHS & KEYBOARDS, EFFECTS, NOISE, SAMPLES & LOOPS, PERCUSSION, pour une nouvelle folie qui prendra le nom, cette fois, d’Endless voyage.
On ne sait si le voyage est définitif mais force est de constater que les Portugais s’en sortent une fois encore avec un mérite indéniable. Si l’amorce ne restera pas dans les têtes (une intro dispensable, brève, nommé Prologue), elle a pourtant le mérite de lancer le 70’s Defective machine, qui riffe sec et balourde un groove psyché appuyé. On défouraille, les sons de synthés qui décorent Forest wind (interrupted) dévoilent un cheminement moins cogneur, plus affiné, d’une cuvée aussi enivrante. Entre psychédélisme déchaîné et plages illuminées, on en arrive à A conflict taking place, où voix unies et zébrures fuzz font la loi. Mélodieux dans ses « effractions », le morceau tient bon la barre d’un rock de caractère. Le temps de faire dans la finesse avec Dreaming of distant shores, incartade légère, nous voilà à la moitié des efforts de la clique portugaise.
Dreamweaver, à la cadence effrénée, lance un nouvel assaut. On n’est pas là pour faire semblant, l’attaque est franche et le jeu se passe de poses. C’est efficace, car soutenu; la dite chanson passe tranquillement l’épreuve, identiquement à un album à la solidité constante. Auquel Marble gallery donne une touche aérienne de plus, lui permettant de retrouver son souffle. Parce que derrière, c’est à nouveau une cavalcade psyché-garage, un peu à la Cramps, qui nous déboule dessus (Oscillations). On affronte, c’est tout sauf déplaisant. Bien que doté d’une boite à outils sonore large, Sunflowers fait dans le minimal, fulgurant, noir et puissant. Il y ajoute des chants bruts, fous, et des sons qui dévient dans le même esprit. Ca génère, au bout du compte, un résultat qui outrepasse l’honorable. Et dont les accalmies chatoyantes, comme Contemplation, délivrent de jolies étoffes.
Elles se voient suivies, immanquablement, de salves sans frein. Endless voyage I en est une, Sunflowers est là sur son terrain et n’y concède rien en qualité. Il breake, sur ce titre, pour s’envoler dans une mélopée lyrique, ou presque; puis Endless voyage II, parce qu’un voyage, ça se prolonge, impose ses secousses triturées, puis un drone psyché tourbillonnant. Epilogue et ses voix à l’union évidente, sur fond retenu, transpirant pour conclure des penchants presque kraut. Ceci suivant des sons, c’est une habitude dans le groupe, déviants et plutôt enivrants, avec d’autant plus d’impact qu’ils sont ici répétés. L’issue est accomplie, le voyage aussi trippy que secouant et Sunflowers pose, sur son étagère déjà bien garnie, une nouvelle rondelle à l’ossature robuste.