Duo unissant Lionel Laquerrière, auteur de travaux remarquables avec Nestorisbianca, Yann Tiersen ou encore ESB où il déployait un arsenal plus délibérément synthétique, et sa compagne Marie-Céline Leguy (qui intervenait également au sein de Nestorisbianca, dont je possède encore le superbe « Genetics » paru en mars 2011), Geysir s’est déjà fendu d’une sortie, « Inject« , en septembre 2013. Celle-ci était destinée à un ciné-live honorant « Le voyage fantastique« , de Richard Fleischer (1966).
Avec Malsamaj, qui signifie, et Geysir l’est, « différent » en Esperanto, il remet donc le couvert. Et parvient, à force de ritournelles au « cosmisme » psychiquement efficient (Tessin en ouverture, instrumental dont les boucles s’avèrent vite entêtantes), mais aussi lorsque le talentueux Lionel y va de son organe velouté sur Heat me, accompagné par des machines à nouveau envoûtantes, à captiver son assistance. La légèreté virevoltante de ce début d’album est un bel atout, mais l’opus en question sera tout autant digne d’être exploré dans ses replis les plus intimes (un Aqualung embelli par les voix de Gillette Laquerrière et Zoé Vantilcke), en nous contentant quand il s’envole, aérien et répétitif dans ses motifs (Tero). Malsanaj est un échappatoire, peaufiné avec soin, dont on fera volontiers usage. De trames sans voix, baladeuses, en essais chantés, il berce, enveloppe, caresse les sens et fait voyager l’amateur investi dans son écoute.
En son milieu, Malsamaj continue…à différer. Son titre éponyme est lui aussi haut perché, mais animé. Geysir évite le piège d’une expérimentation trop poussée, s’en tient malgré ses penchants errants à une certaine simplicité. L’écoute, en tout cas, n’est pas une épreuve de nature à nous faire capituler. Rainer Buchmüller aka Fred und Luna assombrit Le mond de son chant de crooner cold, amenant de ce fait une façade obscure à l’oeuvre de Geysir. Celle-ci offre un interlude un brin inachevé avec Koma, mais repend le flambeau sur Melted qui, fort de basses dansantes aux relents froids, fera lui aussi et à son tour sensation. S’il cherchait, dans ses intentions originelles, à transporter, alors Geysir est bien loin d’avoir échoué dans son entreprise.
Au terme de l’épopée, une Vague douce mais active, ornée d’un chant douceâtre, de sons encore une fois de choix, vient mettre fin à l’aventure, inspirée. En couple soudé par sa symbiose créative, Geysir laisse derrière lui un disque vrai, entièrement enregistré « at home » pour au final nous amener à fureter ça et là, au gré des émotions suscitées par son contenu. Un bel exutoire, intimiste mais jamais individualiste, loin s’en faut. A l’image, d’ailleurs, des efforts émanant des formations citées en début d’article.