Belge et se décrivant comme « borderline rock » (il y a du vrai dans l’expression), The Guru Guru sort avec Point fingers son 2ème album. Faisant suite à un premier opus (Pchew, 2017), un premier Ep, un 45 tours et un 10 pouces avec Brutus, ce dernier envoie un rock vitaminé qui dans un premier temps, sur ce Mache mélodiquement pétaradant qui coule le ruban pour lancer la cérémonie, évoque le brio mélodique percutant d’un Stuck in the Sound. On y trouve le même allant, des mélodies poppy qui giclent et si The Guru Guru débute ainsi, il n’aura de cesse par la suite de prendre des textures diverses, sans nuire à la cohérence du disque. Ainsi Chramer, aux élans math-rock, un peu post-punk aussi, mais aussi fou dans son brassage qui rappellerait Le Singe Blanc, ou encore Ex-Alexander et ses attaques noise truffées de mélodies vocales encore une fois avenantes, distinguent le quintet emmené par Tom Adriaenssens.
Avec Know no, on est même dans la pop délicate, magnifiquement réalisée. Pas question de faire dans le linéaire, on a trop d’idées pour s’en tenir à ça. Skidoo, fougueux, use comme Chramer de motifs math, trace, breake. Borderline, disent-ils. Ils n’ont pas tort! Mais surtout inspirés, changeants en restant ad hoc. Point fingers est plein de ces (bonnes) surprises, de ces écarts qui caractérisent les meilleurs opus.
Celui-ci est en tout cas juteux; Delaware (encore une fois les « chercheurs » penseront à un autre combo, Breton cette fois) et son post-punk qui va de l’avant, soulevé par une basse qui pulse, orné de sons qu’on aimera, tournoie sévère lui aussi. On ne trouvera ici, en l’occurrence, que des succès. Il est par ailleurs rare que des Belges salopent leur albums et là, ça se confirme brillamment. And I’m singing aren’t I, sensitif, pose certes le jeu mais le fait joliment. Doucereuse également, mais plus vive, la pop d’Origamiwise et ses coups de sang d’un rock nerveux sacre les « états-limite » foutrement porteurs de la formation venue de…bon j’ai oublié, peu importe car ça importe peu. Point fingers, en ce qui le concerne, provient de l’imagination de jeunes gens au top dans leur qualité sonique.
This knee on ice les voit d’ailleurs amorcer le dernier virage, ou presque, avec maestria. Dans une frénésie pop-rock approuvable, une fièvre sonore bienvenue, on nous dépose un album hauts en sons, fort en voix, de qualité inflexible. Powerbrigade, fantaisiste sur le plan sonore, justement, impulse une ultime charge à la fois rock, pop, noise et je ne sais quoi encore, qui se permet des accalmies posées, repart ensuite dans l’impact rock et finit logiquement par ravir son monde (sans le Tromper, les vrais comprendront). Je précise, pour finir de mon côté, que la clique joue souvent, avec un certain retentissement et parfois près de chez vous. Définitivement bonissime!