Der Himmel über Berlin, allez on y va! Des Allemands, ça va être cold!, me suis-je dit avec enthousiasme au moment où j’ai découvert, via Unknown Pleasures Records, le groupe. Pas si vite. Himmel über Berlin est italien (Trieste), et ne tire son nom que d’un goût prononcé pour le son, et les atmosphères, de l’endroit cité. Sur ce Chinese voodoo dolls qui n’est pas son premier jet, il taille dans le batcave, y insuffle cold et rage rock, joue tout ça colériquement et sa flèche, ou plutôt ses flèches, atteignent la cible. Parce que l’arc est tendu, que Davide Simeon – guitars, Stefano Bradaschia – bass, Riccardo Zamolo – drums et Teeno Vesper – Voice s’unissent à la cause d’un son pénétrant.
Alors l’album, en toute logique, bénéficie de cet unisson dans le son. Jamais loin d’un Bauhaus, il délivre huit titres soudés. Ca le rend impactant, Blind empire et ses guitares remontées commence à rougeoyer, incandescent. « We are not a summer band », prétendent les intéressés. Je ne sais plus où j’ai lu ça mais à l’écoute, ça se vérifie. Totentanz (c’est décidément vrai, on ne fait pas dans l’estival) enchaîne avec une ferveur batcave teintée de couches cold, de voix samplées, et dégage de la rage. Pas de celles que l’on surjoue. Puis Salvation, cold-wave balancée sans rigoler, nous l’affirme, péremptoire; on joue, intensément, et on en fait pas dans le maniéré. Les répits sont rares, Fog machine et ses 47 secondes dispensables laissant la voie à Revenge qui, s’il débute mélodiquement, finit par sombrer dans l’emportement rock, la fièvre « batcold » qui qualifie bien le quatuor de la Grande Botte.
Avec lui, on trouve chaussure à son pied. On prend son pied. Le public de toutes les contrées visitées en live, en nombre, tout autant. Dead bodies fait rugir les guitares, le tempo y est élevé. Si on tempère, c’est de façon brève et aussitôt, on repart dans le rouge. Celui de la pochette du disque, celui d’un combo qui contourne la conformité. Et qui signe de bons albums, Chinese voodoo dolls en étant évidemment. Sister paranoia, presque lyrique par moments dans ses guitares, mais tendu et foudroyant, venant renforcer une rondelle qui n’avait de toute façon nul besoin d’un surplus de crédibilité.
Il est alors temps de s’extirper, à regrets, du terrain cold investi par le groupe. Too many voices, à la cold-wave au carrefour du mélodique et de l’exalté, rend les adieux supportables. Unknown Pleasures Records, label méritoire, a une de fois plus fait le bon choix. Der Himmel über Berlin aussi, dans l’option percutante qui est la sienne avec un disque réel et enfiévré, digne suite à Amnesia paru en 2017 sur la même structure.