Trio Munichois, Rue Oberkampf est hébergé par Young and Cold Records, se compose de 3 DJ’s qui ont eu la géniale idée, fin 2016, de créer le projet et de lui donner vie. S’ensuivirent plusieurs sorties, dont Waveclash (avril 2018), jusqu’à ce Christophe-Philippe qui se base sur des synthés 80’s très en vue, froids, et le chant franco-allemand de Julia De Jouy, ainsi qu’une adresse audible dans l’élaboration de tentatives significatives. En 9 titres exempts de défauts, qui refilent l’envie de les suivre, le groupe parvient à ses fins et en plus de ça, il crée un champ sonore singulier qu’inaugure Zéro, introduction dispensable que suit La course. Et là, c’est la plongée dans un univers où l’organe vocal de la Dame, en symbiose ajustée avec des machines trépidantes, fait merveille. A la fois velouté et ombrageux, il saupoudre les compositions du disque et leur attribue diverses « couleurs » au gré des langues et histoires narrées.
On est là dans une new-wave au nerf certain, underground et, pourtant, racée. Tokyo, clippé par Rue Oberkampf, nous oblige à une forme d’embardée crépusculaire tout en relatant la crainte de voyager seul(e). On ne refuse pourtant pas le trip, loin d’être néfaste. L’accent est mis sur le climat, frais et animé, alors que la vitesse d’exécution baisse d’un cran. Le chant dans la langue de Molière convient entièrement aux travaux exposés, ainsi que le démontre Glycine. Nuptial et songeur dans le chant, marqué par un rythme…marqué, il vient se joindre à la liste, loin d’être brève, des morceaux de choix générés par Rue Oberkampf. Ce Glycine fait tourbillonner les claviers, osciller les corps, et s’avère obnubilant.
Il va de soi que Kalt, en allemand et par conséquent plus guttural, doté d’une EBM sans déchets, avantage lui aussi les comparses. Il se fait nébuleux, nerveux, mécanique jusqu’à complètement nous happer. Dans la nuit, froide mais bienveillante, on s’abandonne au son ensorcelant des gens de Munich et Passau. Je me trémousse de jubilation, à l’écoute, en écrivant ces quelques mots destinés à décrire l’effort de Rue Oberkampf. Ca fait un moment à vrai dire et Deine worte me comble à son tour; j’aime d’une part l’inclusion de l’allemand dans le texte et par ailleurs, il m’entoure de boucles que la voix entre ombre et lumière (tamisée) de Julia souligne comme à la parade. On a de plus droit à une échappée galopante, dans ce titre, qui amène un surplus d’intérêt à la cuvée en présence.
Im tunnel, ensuite et presque en bout de course, voit les synthés gagner en « luminosité », et les mots déviants m’y parlent; ils conviennent à mes humeurs du moment, ils vont droit au but et sèment un air de colère. « Putain ferme ta grande gueule! », en français dans le texte, ponctue superbement le reste des « lyrics » qui passent eux par la langue de Goethe. J’adore, je suradore, le titre est d’autant plus efficient que sa durée est limitée.
On a alors droit à un remix d’Agitation (tiré du Waveclash cité en début de chronique) par Björn Peng et la copie, pour finir, est parfaite. Obsession née des claviers, emballement soudain, chants en contrepoint l’un de l’autre et gimmicks décisifs permettent une issue concluante qui, ça tombe plutôt bien, arrive après une amorce probante et une transition elle aussi captivante.