Parisien, officiant sous la bannière cold-wave manifestement « new » et en trio serré, JE T’AIME a rebondi sur le bon accueil réservé à son single The sound, en 2018, pour finaliser sur les côtes bretonnes un premier album éponyme, dont la valeur me pousse à vous le présenter ici. Tall BastArd : bass / guitar, Crazy Z. : bass / synths et Dany BOY : voice / synths renvoient de suite, avec le dit single placé en tête de gondole, un tube post-punk entêtant. Fort de ce titre…fort, il récidive ensuite sur Dance, où les synthés tiennent une place prépondérante et la basse mène la…danse, ensuite rejointe par des guitares aux riffs punk tranchants. Le répertoire est certes cold, mais aussi dansant. L’apport de voix féminines, émanant des organes d’Anaïs Novembre & Marion Parfait, crédite indéniablement le travail.
Avec The flying dutchman, relents new-wave et nappes « machinisées » de bon aloi s’invitent au bal. J’ai déjà, tiens, entendu ce type de voix, qui donne du coffre à l’ensemble. C’était chez Sarah W.Papsun, suivant un registre un poil différent mais tout aussi porteur. On crache à l’envi, chez JE T’AIME, du gimmick fatidique. A million suns évoque Joy Division sur ses premiers instants et tiens, le chant me fait penser, aussi, à Talk Talk. Il se fond parfaitement dans les toiles instrumentales, vives et accomplies, des Franciliens. Les mélodies sont présentes, bien insérées dans les essais cold/post-punk des 3 hommes.
Fuck me livre des accélérations rythmiques de haute volée, des choeurs sucrés. JE T’AIME est de nouveau irréprochable dans le rendu. C++, sur fond de basses encore une fois bien rondes, sacre une première partie d’album sans erreurs. On se rend compte que son disque, finalement, fait largement appel à l’ère new-wave, qu’il réhabilite avec brio. Comme sur Satan’s bitch il y adjoint,l’idée est louable, une belle dose de cold-wave. La survenue des voix « de filles » sur le dit morceau m’évoque, en l’occurrence, les défunts Risqué. Hide & seek, qui se pose légèrement d’un point de vue cadence, renvoie une mélancolie plus palpable. Il trouve sa place sans problème, au sein d’un album décidément recommandable.
Merry-go-round voit les voix et synthés s’accompagner pour une nouvelle réussite et passé ce temps, les seconds bordent Spyglass de boucles froides, mais aussi de notes plus claires. JE T’AIME arrive à varier ses atours, dont on n’a pas encore fait le tour. Du moins pas complètement. Car Watch out!, lent et presque psyché, dévoile pour finir la fête une atmosphère maussade, qu’un Robert Smith aurait lui aussi parfaitement troussée. JE T’AIME et ses 2 labels aussi précieux que lui, Icy Cold Records et Manic Depression Records, viennent alors de frapper fort et juste avec cette rondelle vivace et entraînante, de nature à intensifier si besoin était une scène française largement à la hauteur de ce qui peut se faire outre-frontières.