Groupe de Portland dans l’Oregon, féminin-masculin à parts égales, Shadowlands fait comme son nom l’indique dans l’ombrageux, depuis une première démo datant de 2014 et jusqu’à ce « 003 » qui, à partir de trames obscures et mélancoliques, parcourt un éventail assez large. A l’écoute, on pensera autant à Cocteau Twins (un Demons éthéré et saccadé) qu’à une dark-wave dont le shoegaze ne serait pas absent (l’alerte Broken record en ouverture). Des synthétiseurs vintage brodent le tout à l’aide de ritournelles bien faites (Low), qui se frottent à des élans rugueux. Alors que The end, lui aussi convulsif, contemplatif, offre un panorama plus climatique. Amy Sabin et ses acolytes, unis, font aussi dans la dream-pop, dont les effluves enrobent une part de leurs compositions.
Endless summer, de son shoegaze froid aux excès noisy, entérine l’option hybride du groupe, qui se situe dans la pluralité stylistique tout en parvenant sur 003 à créer un amalgame audible et crédible. Qu’il rend, de temps à autre, majestueux dans ses textures gris-noir (Blame). On sent chez lui une volonté, malgré des influences encore concrètes, de définir ses propres paysages.
L’apport des claviers est à noter, épars mais juste. Pining for time met en avant une touche électro, les dites machines l’ornent et le pimentent dans le même élan. Capable de trousser des ambiances fascinantes, Shadowlands investit des terres où ombre et traits de lumières, dans une élégance tourmentée, cohabitent. Dans les essais les plus « cafardeux » de l’album, on peut penser à The Cure, époque Disintegration, pour le spleen lancinant qui ressort des chansons. C’est le cas sur Solitary confinement, entre forme d’abattement et instants remuants, en clôture d’un disque à l’identité décelable. Qui mise davantage, visiblement, sur les climats conçus que sur une rage cold délibérée.
Ca prend pour le coup plutôt bien, 003 imposera néanmoins plusieurs écoutes avant de complètement se livrer. Le jeu en vaut la chandelle car l’objet, à l’emballage d’un rose « rétro » seyant, mérite la considération et pourrait rallier à sa cause différentes castes du milieu « dark » de par sa teneur claire-obscure jouée avec habileté.