Duo basé à Tulle, Hinin bénéficie pour la sortie de son 3ème opus, Hors-Jeu, d’une co-prod engageant son lot de labels férocement indés. Indé, il l’est tout autant et hors-jeu, il ne risque pas de l’être tant son disque, taillé dans un post-punk cold qu’une attitude punk (décidément..) renforce, fait ses preuves. En mode Guitare(s)-Batterie-Chant(s), le groupe offre 10 morceaux efficaces, où le chant en Français ne s’avère jamais entravant. On pense parfois à The Cure, à la vague indé française des 80’s, à la mouvance impulsée par Joy Division aussi. Dernière sommation, qui est la première du disque, plante le décor et découvre le style Hinin, rugueux, sans fioritures. A 2, seulement 2 dirai-je même, les mecs font un boucan jouissif. Minimaux, ils font dans la simplicité, plantent des étendards cold et font la différence car, pleins d’allant, ils se montrent pertinents.
Plutôt urgents (Tu lis dans mes pensées), dotés d’une gouaille punky, ils me font penser le temps de leur Terrain vague au Killing Joke de Fire dances. Sauvages, ils livrent ensuite un Duel remporté haut la main. Les coups de freins sont rares; Hinin fait le choix de titres vifs, sans détails superflus. Les choeurs du dit morceau, eux, rappellent clairement le courant punk-indé. On est là dans du vrai, les Corréziens ne trichent pas. Seules comptent l’authenticité et la passion de jouer, que ce soit sur format vinyl, ici, comme sur les planches.
On se permet, à l’occasion de La corde, une ébauche plus saccadée mais tout aussi fougueuse. Alors que Récidive place de son côté un mid-tempo pas moins probant. Le boulot est bien fait, le « duo post-punk à chiens » (je trouve l’appellation assez révélatrice de l’esprit d’Hinin) passe la barre du statut d’espoir. On espère de ce fait, sous le coup d’un Hors-Jeu qui le place pourtant en bonne position, le voir s’imposer au minimum sur l’échiquier national. Il en a les capacités, le mal nommé Feu de paille, appuyé, en est la preuve. Puis Aller loin (c’est tout le mal qu’on leur souhaite) solidifie, de manière hachée, un disque qui, je le confirme après plusieurs écoutes, sent aussi le Killing Joke sans que la référence soit dommageable. Il va sans dire que l’influence citée, inégalable, apporte un certain crédit à Hinin. Qui, sur ce morceau, accélère soudainement pour notre plus grande joie. Punk il l’est, les voix ne trompent pas.
En fin d’album, Attends la nuit laisse parler des guitares belliqueuses et une cadence qui galope. La patte Hinin est bien présente, Concrête la laisse porter son dernier coup de griffe. Ca se fait d’une façon, encore une fois, alerte. Pas le temps de ralentir, on file à toute allure vers la reconnaissance du clan indé. Bien armé, Hinin ne ferait pas un hold-up en décrochant la palme. Pour l’heure, il nous offre un bel effort où cold-wave, punk spirit et exécution directe font bon ménage.