Lyonnais, Bleakness has no weakness, serai-je tenté de dire. Après son Disquiet demo de septembre 2018, fort d’une flopée de dates, il remet le couvert et sort Functionally Extinct où, de suite, j’entends la rage vocale d’un Jaz Coleman (Killing Joke), couplée à des élans post-punk, voire batcave, bordés d’énergie punk et posés dans un écrin indé. Ca sonne bien, la vigueur est au Rendez-Vous (rapprochement flatteur) et le trio se positionne sans forcer au carrefour de ses influences, troussant des morceaux notables. The closing door nous…ouvre la porte, trompeur avec son début au piano. C’est pour mieux, et très vite, gicler dans tous les sens et nous asséner son batcave millésimé. Profitons-en, c’est sombre et percutant!
Avec intensité, Bleakness trouve droit de cité. Over and over fait montre de cette même fore de pénétration, rageuse, répétée again and again pourrai-je dire. On joue bien, sans surfaire. Des mélodies s’échappent du flux tendu émanant de Functionally extinct.
Je suis pour ma part gagné par l’album, fan de la Blague qui Tue. Ca aide certes, mais la valeur des compositions fait bien entendu pencher la balance du bon côté; celui d’un son sans concessions. La rapidité d’exécution est également à porter au crédit du groupe, comme le montre Towards the end. Bleakness est d’autant plus appréciable qu’il inclut des genres divers, pour finalement produire un rendu loin d’être banal. Avec Persistent inadequacy, pourtant très adéquat, il confirme. En trio compact, il semble s’être trouvé; son registre, en tout cas, plaide pour lui. Anxiety, fonceur, lorgne aussi vers le hardcore mélodico-rageur, speed et remonté. Il est rare, sur ce disque, que le tempo fasse dans la sagesse. Il en va de même, d’ailleurs, pour les vocaux et l’instrumentation, alliés dans le but d’imposer un effort de choix.
Irrational needs appuie sur la pédale, lui aussi, pour tracer sans détours. Functionally Extinct n’offre que peu de répit, lancé et frontal. Deadly words freine à peine, à l’image de Sydney Govou quand il jouait à l’Olympique Lyonnais. D’aucuns diront que l’album est un peu uniforme; ils ne se tromperont pas mais ça génère avant tout une belle unité. Tout est de plus au dessus du lot et Ghost eyes, chargé de finir le job, le fait aussi bien que Joseph-Désiré (Olympique Lyonnais également). On n’est assurément pas, avec Bleakness, dans le sport. Mais on est aussi performant et on dégage à l’arrivée une vigueur semblable, en allant pour le coup droit au but. Très bel essai, à voir sur scène où de façon certaine, le combo transporte les foules sans se ménager.