Arrivés à leur 17ème album, excusez du peu, avec ce Mind hive, les vétérans de Wire menés par Colin Newman ont aussi ressorti, dernièrement, plusieurs de leurs opus (Pinkflag, Chairs missing et 154, soit 3 musts absolus). Sur cette nouvelle rondelle, ils explorent comme à l’habitude, sans jamais démériter et en usant autant de mélodies ravissantes (Off the beach) que de plans rentre-dedans (Be like them et ses riffs durs) auxquels se joignent des voix passant sans problèmes du modéré au plus appuyé, un éventail allant de la pop au post-punk, émaillé de détours vers le shoegaze. Ils font dans le griffu pop-rock (Cactused), y injectent des sons doux, des synthés sobres et occasionnels. Les guitares, quand elles mordent, ne le font pas à moitié (Primed and ready). On est bien chez Wire, en territoire connu mais enthousiasmant.
On a de plus à faire à des formats courts, la plupart du temps, où le groupe incruste des chansons rêveuses (Unrepentant), au décor dream-shoegaze. Shadows, lui, confirme le passage apaisé de l’album, mais Oklahoma le suit en adoptant un ton plus bourru, rock acéré. On ne se laisse, ici, jamais trop aller.
Sans révolutionner la discographie de Wire, Mind hive la créditera, en étendra la portée. A l’instar d’un Wire (2015) ou d’un Silver/lead (2017), il assure la survenue d’une dizaine de morceaux dont aucun ne plie l’échine. Hung, qui dépasse les 7 minutes, synthétise d’ailleurs une partie de ce que les Anglais ont pu établir jusqu’alors. Sur un déroulé shoegaze leste et sonique, il développe un son lancinant, souillé, aux excès maîtrisés. Chez Wire, on ne fait pas dans le tubesque; on crée des ensembles cohérents, dont chaque élément accroche l’oreille et s’imbrique parfaitement dans le rendu.
On notera, toutefois une option globalement « posée », à l’image du terminal Humming. Mais les « giclées » sont assez fréquentes pour qu’au final, on adhère sans trouver à redire. Les ratés, avec Wire, sont rares; en cela et en termes de durée, on le rapprochera d’un The Fall. Mind hive ne sera pas, on l’aura compris, le disque de trop. Pour l’heure, Wire est encore vert, concluant et crédible dans ce qu’il renvoie. On espère, partant de là, le voir durer encore un moment et talonner aussi talentueusement le reste de la production décibelisée actuelle.