Duo rouennais, déjà un bon point quand on sait que la ville fait partie des bastions rock de l’hexagone, Modern Men unit Quentin (hardcore, stoner-doom avec Elephants ou Greyfell) et Adrian (MNNQNS, récemment coupable d’un album à avoir à la casbah). A 2 et dans l’amour le plus total, ils ont déjà signé un split avec Eaux Saines (juillet 2019) et avant ça, ce Anéantir le monde moderne (sortie physique, si j’ai bien saisi, prévue le 6 décembre 2019, donc déjà effective). On dirait bien qu’ils veulent, en effet, dézinguer ce monde auquel l’échappatoire parfait est ici trouvé. Entre new-wave sonique, élans indus et draperie cold, qu’ils nappent de synthés dont les trames me plaisent à l’aise (Bag of rice qui me replonge avec délices en pleines 80’s), l’Ep laisse présager d’une découverte qui, s’il elle se veut avant tout récréative, donnera l’envie à bien d’autres que moi d’en entendre plus.
Pour le coup, ce sont 4 titres sauvages qui nous déboulent dessus. Tirer sur l’ambulance, s’il intègre les claviers aux limites du « joyeux » dont je parle plus haut, hurle en contrepoint à la légèreté de ces machines froides dans leur « joie ». En complément des chants assénés, une pluie cold survient. Elle fait du bien. Les mecs savent y faire, c’est leur quotidien parait-il. Pas étonnant, ils assurent sans vaciller.
XX, à l’électrocold elle aussi réminiscente des 80’s, atteint d’emblée un niveau élevé. Simple et armé de bonnes idées sonores, Modern Men lorgne vers le passé pour enfanter une zik d’aujourd’hui. Rage et mélancolie se confrontent, on n’Anéantira peut-être pas le monde moderne mais doté d’un tel son, on l’allégera. C’est déjà beaucoup. Comme beaucoup d’EP, celui-ci refile l’irrépressible envie d’explorer les oeuvres de ces trublions à la vigueur, et au cri primal, punk (This shit should be mine), au genre multi-genres « dé-normé ». Chaque titre est un must du style développé. On me souffle d’ailleurs dans l’oreillette qu’un « 10-10 » bien climatique est aussi sorti, en octobre, sur Soza également. Le micro-label se consacrant, initiative louable, à la sortie de K7 audio bien loin d’être odieuses.
Récemment embarqués sur 5 dates françaises, émaillées de retour élogieux et qui se prolongeront début 2020, les Hommes Modernes défrichent fructueusement. De side-project, on apprécierait que Modern Men brigue le statut de projet durable. Son Split avec Eaux Saines le vaut aussi; la paire y signe par exemple un Rouen a de l’eau jusqu’aux épaules de teneur irréprochable et, par extension, 4 plages, au total, de haute volée. Il investit, de plus, un champ ouvert, et étend constamment son champ des possibles. Ce faisant, il accomplit notre félicité et s’inscrit dans la catégorie des découvertes à mettre au premier plan.