Huitième album solo d’un Theo Hakola qui cumule les casquettes sans qu’aucune ne tombe, Water is wet, je ne tarderai pas à le dire, est magnifique. Elegant aussi, critique comme notre homme sait l’être (il a cette fois pour « cible » les faux-semblants de notre époque), né d’un rock retenu mâtiné d’americana. Avec sa voix à la fois chaude et grave, en crooner que les années ont façonné et constamment distingué, le romancier, acteur, producteur, réalisateur, homme de théâtre, journaliste, poète, globe-trotteur, livre une poésie reconnaissable. Car sienne, donc individuelle.
Who the hell?, en ouverture, donne le ton et le la; sombre éclat du chant, verbe à la plume bien e(a)ncrée. On est, de suite, dans un écrin accueillant. Sobre, l’étayage se décline en ballades bien mises, telle So bad ou Your baby blacks, baby, cette dernière animée par un rythme discret. Si une large place est laissée à l’expression, on n’en néglige pas pour autant son support sonore. On hausse le ton sans déborder, comme le fait Never bought a bottle of water et plus encore In a sauna you sweat. Se référant, par son intitulé et son contenu, à la fausseté évoquée plus haut, à l’instar du nom donné du disque, ce dernier souffle un rock mesuré, frappé du sceau de l’harmonie et doté d’écarts bienvenus.
On aborde alors le second pan de Water is wet; Bury me standing retombe dans un format paisible avant de doucement s’agiter, suivant une coloration folk-indé. Penseur mais pas bien-pensant, Hakola incite par son oeuvre à la réflexion. Il séduit autant musicalement; la réussite est donc plurielle, conformément à nos attendus. Dans son sillage, l’obscure beauté de Scratching the scruff, au crin modérément rugueux, plaide à nouveau en faveur d’un homme actif, prolifique et, au delà de ça, crédible dans tout ce qu’il entreprend. C’est avec Raining embers, plus appuyé, qu’un rock soutenu que le chant vient exalter se fait entendre. Dommage, pour le coup, que l’ex-Orchestre Rouge/Passion Fodder ne lâche pas plus franchement et souvent la bride, comme il aimait à le faire avec les dites formations.
Ce n’empêche aucunement, cependant, la qualité de l’ébauche. On a même droit, à nouveau, à une électricité de bon aloi sur 1963, rock leste qui donne du poids à l’ensemble. Le verbe est « acerbement truculent ». Weak in the knees, sur un format étendu et en recourant à des voix alliées, débute dans une grise quiétude, puis s’emballe jusqu’à, pratiquement, devenir buitiste. Superbe, il clôt aussi…superbement que L’eau est humide un opus à l’image des efforts de son auteur; vrai, abouti et indocile.