A la fois chanteur, performer, acteur et modèle, Loki Lonestar vient de la Réunion. Déviant et pour le moins charismatique, il évolue dans un sphère où on croiserait l’énergie colérique d’un RATM, les vocaux d’un Marylin Manson et les motifs sonores trépidants d’un Prodigy, par ailleurs repris avec force (Hotride) sur ce Show no mercy bien nommé.
Entre rock-métal, électro et touches fusion tribalisantes, en effet, dans une agitation jubilatoire, ça blaste sévère. The insurgent, après une introduction qu’on sent annonciatrice du déluge, crache un grooove électro aux voix criées sur le refrain, qu’on gardera en tête. 3 singles sont tirés de l’album, ça n’étonnera personne car tout, en l’occurrence, est au dessus du lot. C’est ainsi qu’après cette première livraison dans la déraison, on tombe sur un Mellow D doté des mêmes atouts, d’une force de pénétration similaire. Loki Lonestar injecte des mélodies dans son shaker, à l’énergie sans répit ou presque. Ses penchants tribaux impulsent Ambition, dont on s’imagine, là aussi, reprendre le refrain vindicatif. La posture de l’insulaire est claire, et s’accompagne d’une bande-son extrêmement adaptée. 19 bellz, tempéré, évoque les explorations tribales d’un Sepultura. Le tout est ajusté, façonné avec la mainmise de ceux qui tiennent la route.
On décèlera autant une adresse à user du son qui accroche, à chanter façon caméléon (We are the future). Truffé de diatribes bien placées, Show no mercy ne fait pas de quartier. Son électro tapageuse (Sehnsucht, un brin funky) bastonne comme il se doit. Les guitares, rudes, lui donnent le change. On pose dans ce bazar des touches dépaysantes qui « embarquent » et le tout est joué. Inventif, le Loki joue avec les sons, les imbrique, et catapulte ses mots. Ogre party pooper, d’une fusion appelant à l’union, m’amène à me souvenir de nos groupes des 90’s qui, eux aussi, mélangeaient adroitement (Spicy Box, Oneyed Jack, Atomic Kids). Puissant, le disque ne ferme ses portes à aucune caste, si ce n’est celle du mainstream puisque dans ce cas, Bullshit il y a.
Play, plutôt joueur, reflète bien l’ouverture de l’artiste avec ses reflets jazzy sur rythme hip-hop , dans la coolitude. C’est aussi le cas de D day, tourbillon saccadé d’appartenance inconnue, qui s’emballe rageusement sur son second volet. Pluriel et multiformes à l’image de son géniteur, Show no mercy se démarque. A sa dizaine de chansons robustes viennent s’ajouter 2 remixes d’Ambition; l’un très nébuleux (Under all Rmx), expérimental. L’autre plus agité tout en gardant un penchant céleste turbulent (Trackwasher rmx). Différentes, ces 2 versions apportent un plus au disque, en renforcent l’impact. On est en présence, au final, d’un ouvrage sans déficiences, qui fait de plus danser tout en braillant son ressenti.