Niché à Charleroi, en Belgique donc -c’est déjà bon signe-, The WRS (anciennement The Wires) ont à leur actif 3 sorties discographiques, dont 2 lives. Visiblement adeptes de la scène (ils y échangent leurs instruments au gré des morceaux joués), les 3 comparses livrent donc avec ce Live at Rockerill un brûlot authentique, entre garage, stoner, élans blues et fièvre un tantinet mystique (Byzance, hum pas faux tiens). Et c’est du vrai!
Le trio, en effet, joue sans jamais se désunir, quand bien mêmes les dérapages sont fréquents; sur une base rock ouverte, The WRS font parler la poudre et Magic powder, le morceau qui lance la danse, produit déjà un effet psyché affirmé. L’amorce est à dominante céleste, mais on s’adonne après ça à une montée en puissance, lente et assurée, qui débouche sur une échappée garage-stoner-blues fou de la meilleure teneur. C’est joué live et ça s’entend; rien, ici, n’est « compensé ». Spit, urgent, balance un garage compact aux soli courts et efficients. Influencé par des combos ayant pour nom Thee Oh Sees, King Gizzard and the lizard wizard ou The Murlocs, le groupe n’est pas loin d’en égaler la portée. Le chant, sauvage, suinte lui aussi la vérité.
Avec Nobody is perfect but you!, on se prend un instrumental psych-blues de choix dans la face. Pas vraiment en fait puisque la voix arrive ensuite, étayant le morceau avec folie. Alors que Mama keep your big mouth shut souffle de son côté un garage-blues pas plus sage. Les mecs jouent bien mais jamais poliment; le registre, on s’en doutera, n’est pas radiophonique. On préfère, chez The WRS, rester intègres. On pose à l’occasion le jeu (When I close my eyes I see your mind), on insuffle de la finesse, pour au final se montrer plus performant encore. Le Byzance nommé plus haut arrive à point nommé, avec ses instants dépaysants, pour étirer la palette des musiciens.
Ceux-ci, cependant, aiment jouer vite. Ca leur réussit, 3’s For LAlala riffe avec ardeur et fonce, dévastateur. L’éventail du groupe est percutant mais étendu. The WRS confirment qu’en Belgique, il existe une palanquée de formations louables. Live at Rockerill l’est; outre le fait de démontrer que le groupe est plus qu’à l’aise en public, il m’amène à me dire qu’un album studio, dont émergerait cette ferveur live, serait une bien belle chose. Planck unit, qui clôt le disque, ne contredira pas mes propos. Doté de notes exotiques, rude et dansant dans le même élan, fuzzy aussi, il dégage une fougue classieuse, jouée encore une fois avec aplomb. A l’image de l’opus, témoignage enflammé des aptitudes de The WRS.