Quintet lyonnais, Shelter officie dans une veine instrumentale dynamique, dont la particularité est d’inclure une trompette en plus de la formule consacrée « basse-2 guitares-batterie ». Ce Spetsnaz (Remastered) est en quelque sorte sa seconde sortie et demi, puisqu’il fait suite à un 4 titres éponyme, sorti en 2015, et constitue bien entendu la version remastérisée du Spetsnaz paru, à l’origine, en mai 2017. Il va sans dire que la formule, assez unique, donne du bon. Entre assauts trompettisés et rythmique ayant combiné souplesse jazz et attaque rock, le tout assorti de guitares aux accords qui rigolent pas, sans se restreindre, on trouve un champ musical de bonne facture. Jamais à l’abri (je n’ai aucun mérite…) d’écarts savamment conçus, on fera avec Shelter une découverte assez décalée pour qu’on la tienne en haute estime.
L’éponyme Spetsnaz se présente sur la première marche, cuivré, breaké, doté de notes répétées qui en font l’attrait et en surlignent les traits. Jazz-noise, math-jazz, zik balkanique épileptique; on appellera ça comme on veut: ce qu’il faut retenir, c’est que ces 4 là défrichent tout d’abord chez eux. Bon, j’aurais mis une voix, histoire d’appuyer encore l’identité du bazar. Mais les instrumentaux livrés ici méritent déjà toute notre attention.
Zoloft, second morceau au début funky, ne déroge pas. On avance, là aussi, dans des eaux hybrides, où une basse à la Primus vient se frotter à la dentelle vivace de la trompette. Shelter, Spetsnaz en est la preuve, n’est pas prévisible. De breaks psyché-loufoques en bondissements jazzy soniques, il dessine ses esquisses, individuelles. Chez lui on se met au service, bien que doué individuellement, du collectif. Bermudes, ante-pénultième essai, développe un canevas feutré, qui s’autorise toutefois des incartades vigoureuses.
Il n’y a rien de figé, loin de là, dans ce groupe. Entre feutrine jazzy et ruades inattendues, on y jette les 2 oreilles. Bielorusse, qui ferme le bal, suit dans un premier temps la première des 2 options. Sur un ton jazzy-funky, il breake; la quatre-cordes prend alors les devants, instaure un groove reptilien. Puis ça repart plein pot, à l’unisson. Les 5 Shelter sont dans la maîtrise d’un univers qui leur revient, pensé, et joué, avec un bonne dose de créativité.