Mazette, y veulent pas s’rater ceux-là! Ils ont pour nom Double Date With Death, refilent à ce 2ème album le nom réjouissant de L’Au Delà. Ce qu’ils ne ratent pas, en tous les cas, c’est l’évolution amorcée, depuis leur Headspace initial (2016, REC Records), qui tient dans la « françisation » et la « poppisation » de leur élans garage qu’en bons Québécois, ils troussent avec excellence. Parce qu’ils sont bons, qu’ils confient, aussi, leur pochette à Elzo Durt (auteur de travaux pour Oh Sees, La Femme, Kaviar Special) et la production du bazar à Guillaume Chiasson (Ponctuation, Jesus les filles, Bon Enfant, The Blaze Velluto Collection).
On est de ce fait bien lancé. Forêt déboise déjà grave, garage et dingo. Le départ se fait à toute berzingue, le bitume en prend pour son grade. Et le Français dans tout ça?, me demande alors le maître de conférence. Il passe comme un riff dans l’enceinte, mister. Copier-coller, qui suit, fuzze avec la même urgence dont, très vite, on s’entiche. Derrière ça, il y a de jolis embryons de mélodie. Pas le temps de freiner, les virages sont pourtant serrés mais le bolide de Montréal ne compte pas déraper. Trou noir (on est, à nouveau, dans une joie indescriptible) me rappellera, lui, Rebels of Tijuana à leurs débuts, quand ils glissaient eux aussi avec allégresse sur des flaques rock bien grasses.
Avec Fluorescent on se rend compte, encore une fois, du bien fondé de l’inclusion de notre langue-mère dans le registre de DDWD. Jubilatoire, elle accompagne merveilleusement une musique pas moins euphorique. La bio du groupe parle des Cramps et du Gun Club; Lux Interior et Jeffrey Lee Pierce n’auront pas à rechigner, le descendance est dignement assurée! La princesse de l’au delà, fonceur et sans recoins, enfonce le clou d’un garage que les gaillards appelés à honorer 2 rendez-vous avec la mort font…vivre avec maestria.
C’est alors que la pop espiègle et mélodieuse de Kodak, superbe, fait briller encore un peu plus L’Au Delà (notez l’oxymore). Si pop il y a, c’est avant tout dans les mélopées du chant qui, souvent, sont prises dans un flux rock sans appel. La recette, Lucette, vaut son pesant de sucettes.
L’Au Delà incluant tout juste 8 titres (tous, j’insiste, vivifiants en dépit de l’intitulé du disque), il est déjà temps de se séparer. Jeu funiculaire, d’un jet galopant aux touches surfy-bluesy-rockab-garage (on rigole pas avec le brassage des genres, non plus), met fin à l’affaire sans une seconde de répit. Laissant dans ses traces une rangée de morceaux sauvages et pénétrants, que l’Au Delà attendra car pour l’heure, il faut les jouer sur les planches (d’une scène) et les présenter au public rock d’ici et d’ailleurs, qui fera en cette occasion une découverte, ou retrouvaille, de tout premier ordre.