Sina Moon. Tiens, ça me fait penser, immédiatement, à The Soft Moon. C’est un duo parisien, Robin Nicoli (basse, chant, pédalier contrôleur midi) et Lisa Burek (clavier, chant) le constituent et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ensemble ils frappent fort. Avec ce Jaded cold et inobéissant, en plus de valider la sentence selon laquelle les paires homme-femme réalisent des prouesses, ils se hissent dans les sphères d’une mouvance où chapes froides, chants un brin riot girl (pour Lisa) et cascade sonores inspirées génèrent un bel effet.
Ca débute d’ailleurs fort; si « Intro » signifie chez certains morceau bref et plutôt négligeable, l’Intro de Sina Moon, lui, déterre une ambiance lancinante, retenue, où la fille séduit déjà par sa voix mutine tandis que le représentant de la gent masculine, loin d’être en reste, fait feu de tout son, à l’unisson avec elle, pour dresser un climat aux frontières de l’inquiétant. L’ambiance monte en intensité, elle reste cependant « tenue ». D’emblée, Sina Moon signe un morceau à ne surtout pas jeter. ¨Puis il sort de sa « réserve », si je puis dire, à l’occasion d’un Thylacine saccadé. Les sons de basse m’évoquent justement Luis Vasquezet ses oeuvres, la cadence est assénée. Sur le plan sonore, on se situe entre répétition obsessionnelle et inclusion de bruits « fusants ». On place un break sans perdre en pouvoir d’attraction, puis on remet sur le devant ce déferlement sonore plus qu’acceptable.
Sur Noisu, c’est Robin qui, vocalement, amène une petite touche « frères Reid » à l’ensemble. A cette option noisy façon Psychocandy, Sina Moon apporte sa touche personnelle dans les motifs, triturés et très trippants, qui la bordent. Le groupe n’a pas fait qu’écouter des bandes de référence, Suicide en tête de gondole; il a créé, doué, son propre champ musical. Answer, où les 2 (très) complices se répondant dans une folie vocale parfaite et complémentaire, est énorme. Fougueux, impulsif, il instaure un boucan inarrêtable et pète les plombs rythmiquement. C’est la déjante, jouissive. On y prend part avec déraison…et on a bien raison.
On a alors passé 4 morceaux, ceci sans un gramme d’ennui. Malgré cela il va falloir se quitter et c’est l’éponyme Jaded qui se charge des adieux temporaires. Avec son approche lente, il rappelle un peu l’Intro et quitte lui aussi la route, déviant dans le chant et entêtant de par son fond obscur reproduit à l’envi, un poil céleste. Entre offensives qui cognent et instants lancinants, décors rageurs et/ou modérés, Sina Moon laisse dans son sillage un premier EP dont le seul défaut sera de l’obliger, au vu des promesses affichées, à se montrer à la hauteur de ces dernières. Le Jaded terminal parvenant de plus à nous tenir en haleine sur près de 10 minutes complètement emballantes.