2 albums, 3 tournées aux US et virée française assortie d’une ouverture pour le Metallica show S & M; on a connu pire (remember Natacha Le Jeune) comme parcours et avec Turn bizarre, le trio Livingstone authentifie s’il le fallait encore son garage-blues, aidé dans sa tâche par 10 titres charpentés. Il faut dire qu’avec l’éponyme Turn bizarre, qui ouvre les vannes, on est bien parti. Rock sévère, touches blues elles aussi sans complaisance, riffs secs: Livingstone joue sans se retourner et privilégie l’efficacité à la démonstration technique. Nowhere feels like home (so get on the road) se restreint ensuite à un blues qui, s’il se veut fin, nous met tout de même un gadin. En aguerri du genre, le groupe ne finira pas dans le décor. Feel I can only go higher réinstaure un blues dopé à la bure rock, entre le fin et le « chanmé ».
Thomas Chazerain : Guitar / Lead vocals, Théophile Olivier : Bass / Back Vocals et Romain Hoffschir : Drums / Back Vocals ont de la matière, du chien aussi. Ils flirtent à l’occasion avec le stoner, affichent ça et là des plans 90’s et 00’s solides. C’est le cas sur Fast burn, ou Didier WAMPAS intervient. Alors que Love is a race, qui voit la guitare de Fred Chapellier aciduler le bazar, donne lui un blues millésimé, rock et sincère. On y inclut du funk, on y dévie vers des contrées dansantes.
Just need to piss, rapide, maintient un cap bluesy chauffé à blanc, trempé dans un rock’n’roll juteux. On calme les ardeurs, en demeurant vrai, le temps de Mary Lee. Blues, soigné mais tout de même rocailleux, c’est un nouveau titre qualitatif à mettre à l’actif des 3 comparses. Tandis que Secret nights, je le déplore mais je mentionne la valeur de celui-ci, confirme un passage moins nerveux que ce à quoi le groupe nous confine habituellement. Il le peut: Turn bizarre, bien bon, lui offre cette liberté. Et les guitares dures du morceau, de surcroît, bousculent ce passage soi-disant « plus sage ».
Celles de Big Jim, plus dures encore en son début, replacent le viseur sur un rock de couleur pop, entraînant. On est dans de la « pop’n’roll » à la Livingstone, qui nous réjouit au moment d’aborder la toute fin de l’opus. On se dit alors que les parisiens vont finir sur une touche tranquille; c’est le cas; j’aurais préféré les voir pétarader à nouveau mais Deep in the night, tout de même assez vif, finit avec assez d’impact et offre un assaut franchement rock par instants. Le disque est donc globalement bon, voire très bon, et sans morceaux négligeables.