Suisse, Penkowski joue un rock épileptique, lequel doit autant à The Fall (le chant, entre autres, de Mirror voice qui lance la machine, incoercible) qu’à Sonic Youth (les dérapages soniques fréquents), en se parant à l’occasion de claviers bien disséminés. Please don’t call me human est son second album, ses 8 titres déviants et postés à la croisée des genres (rock indé, Post-punk, touches cold et/ou noisy…) l’élèvent et en font un must. Dans une sorte de classe déjantée, suivant un chant stylé mais qui « déraille » régulièrement vers une sauvagerie non feinte, le quatuor de Biel fait dans l’urgence et impose son approche.
E year confirme d’ailleurs sa force de frappe; on y pense à Idles, la voix évoque encore Mark E.Smith, ce qui est loin de déplaire. Sur le plan sonore, on fuzze et on incruste des bruits réjouissants. Le tempo est « up », le discours remonté. Soft key, plus loin, allège quelque peu le rendu par le biais de synthés aériens. Ce qui n’empêche pas la vigueur, cette fois plus bridée, de l’essai.
Sur ses tentatives plus longues, telle Kim Jong II, Penkowski reste pénétrant, fait danser par sa trame cold truffée de sonorités plaisantes. Entre vagues fortes et « saupoudrage » plus léger, le dit titre et ses élans psycho-soniques constitue un « pavé » concluant de plus, à mettre à l’actif de ces Helvètes performants. Telephones retrouve un format plus court, ça assied son efficacité. Des décors funky dépaysants façon Talking Heads le sertissent, et nous voilà avec une autre réalisation accomplie, dans le cadre d’un disque sans temps morts.
Prosperity, découpé dans un post-punk rentre-dedans, fait à son tour la différence. Riffs à l’effet boeuf, basse qui pulse et batterie marathonienne, sons toujours aussi bons et triturés, voix en relief donnent lieu à un ensemble crédible. White walls, cold et speed, suinte une folie qui mène Penkowski à un échelon élevé. Ca crisse de toutes parts, le bruitisme est assumé, maîtrisé dans sa démence. On en arrive ainsi à la fin des festivités gravées sur support et Bare branches, pour finir, dépose une trame sombre et menaçante, qui se tend jusqu’à….ne pas rompre. On reste dans ces penchants tenus, on fait usage d’un climat inquiétant pour, une fois de plus, livrer une copie exempte de fautes. Enregistré dans le Jura français, dont les montagnes ont du pour le coup vaciller, Please don’t call me human mérite, à l’aube de sa sortie, une reconnaissance critique et publique poussée.