Duo montpellierain constitué de Geoffray Aznar et Samuel Devauchelle, le premier étant originellement à l’initiative du projet, Dirty Bootz joue un blues roots et rugueux, aussi « rétro » que grungy en d’autres recoins. Broken toy est le premier album des Héraultais, il livre neuf titres solides, cabossés, à la voix rocailleuse. On y sent la passion, dans le chant donc, comme dans une instrumentation qui n’hésite jamais à sortir les griffes tout en gardant ses atours bluesy à souhait (l’éponyme Broken toy).
Seasick Steve, Skip James et la vague grunge, donc, servent de support à une enfilade de morceaux rudes, à commencer par Dead clouds in your pockets, à l’allant qui fait la différence. Notes blues, habillage rock éraillé vont de pair et font la paire. Le dosage est juste, on a droit à quelques ruades bien senties qui évitent l’ennui du à des formats blues qui, chez d’autres, s’avèrent geignards et plaintifs. Chez Dirty Bootz, on opte pour une attaque souvent franche. Bogeyman’s grin est d’ailleurs de ce tonneau; il riffe et trace, direct et sans recoins superflus.
On maîtrise son jeu, on fuzze à l’envi; ça gicle, ça éclabousse. On ne fait pas dans la tergiversation, ce n’est pas le genre de la maison. Welcome to the sun, toutefois, explore des contrées nettement plus posées et tout aussi authentiques. La pose n’est pas de mise, on joue. Ensemble, sans tricher. Never say goodbye, doté si je ne m’abuse d’un banjo, permet à Dirty Bootz d’étendre encore son champ d’action. Puis End is a start, lui aussi apaisé, fait clairement retomber l’énergie. De façon trompeuse néanmoins puisque après une amorce tranquille, il délivre un grunge fonceur, dru, perlé de blues. On pense, pour la formule duo vraie et unie, à Ko Ko Mo ou encore Inspector Cluzo. Plans rêches et inclusions fines se succèdent sans soucis.
La cuvée est bonne, When she comes ne l’altérera pas. Voix sensible et ornement sobre, doucereux mais animé, le valident. Rien n’est à jeter et pourtant, on aime, on préfère peut-être même, nos 2 associés dans leurs assauts puissants. En ce sens, le blues galopant de Washing machine nous comblera. Son écoute me fait penser à Lane Left Cruiser, la référence est bien entendu de choix. Geoffray et Samuel font le choix, ici comme à d’autres endroits, d’alterner vitesse à peine jugulée et instants de relative retenue.
Enfin, il revient à Burnt my home de finir l’ouvrage, globalement -très- réussi. Ca se fera avec entrain, en usant d’une rudesse récurrente qui fait, entre autres éléments estimables, l’appât d’un Broken toy troussé par 2 mecs cohérents dans les notes comme dans l’attitude.