Groupe Manceau appelé Quadrupède jusqu’à ce que 5 ans se passent après son 1er album, QDRPD, qui unit Smaseph Jolley et Lemien Dacoq, opère une véritable métamorphose sonique sur ce Interiors. Fort de 6 titres qui évoqueront à l’occasion Battles pour l’investigation sonore et rythmique, le duo mêle syncopes et élans alertes, sons sombres et voix traficotées. Il fait ça très bien, Central massif lance la mue avec sa cascade de sonorités, son chant aigu et son entrelac de cadences. QDRPD fait autant dans la cosmique que dans l’enlevé, change de climat et tout ça lui réussit. Il est dans la maîtrise, on n’est pas pour le coup dans une fantaisie mal tenue.
Le début est donc bon, le nouveau départ probant mais on attend d’entendre la suite. C’est l’éponyme Interiors qui se présente, ici math, là-bas dansant, dont les voix encore une fois détournées apportent un réel plus. L’entreprise est audacieuse, il faut suivre mais on conseillera aux curieux de tenir bon car à l’arrivée, la découverte vaut son pesant d’écoutes. Beaucoup seront d’ailleurs nécessaires à saisir le contenu, qui sur le plan stylistique ne ressemble pas à grand-chose d’autre. Et ce n’est pas Yau ma tei, tout aussi versatile et insaisissable, qui démentira mes propos.
Avec Your Middle-of-the-night Drifting Mind, on entre dans des sphères brumeuses. Réitération sonique et synthés froids caractérisent le morceau, moins changeant que ceux qui le précèdent. Four phones suit une voie quasi-similaire, répétitive, qui semble marquer une phase d’apaisement -relatif- dans le contenu. Plus contemplatif, plus « post », le rendu diffère. QDRPD est à l’évidence dans le désir d’évoluer, de changer d’atours. L’approche est plutôt porteuse, Capitapica y mettra fin en réinstaurant un rythme vif et haché, des notes dark et boucles entêtantes qui constituent désormais l’identité du projet.
L’initiative est donc, souvent, fructueuse. Il est rare qu’un groupe ose autant, contourne la redite de façon aussi marquée et en ce sens, on saluera la prise de risques de la paire Sarthoise, qui la place au rayon des trouvailles les plus en vue qu’on puisse faire actuellement.