Tiens, je pensais ne pas connaître Picastro. Or, j’avais déjà chroniqué son Become secret, datant de 2009, dans ce webzine. Je retrouve donc le quatuor de Toronto 10 ans après et son Exit au mitan du calme et du troublé, incluant plusieurs invités au chant, s’avère attractif. Liz Hysen, la vocaliste, permet ainsi à Jamie Stewart (Xiu Xiu), Tony Dekker (Great Lake Swimmers), Caleb Mulkerin (Big Blood), ou encore Chris Cummings (Marker Starling), entre autres, de poser leur voix sur ses écrits.
D’une part il y a là une diversité vocale, et dans le ressenti, qui sert l’intérêt du disque. Le ton de celui-ci reste mélodieux, mélancolique même, mais Picastro a le bon goût de « souiller » ses compositions, d’en altérer la pureté, de façon récurrente. Le fond peut être sombre (Mirror age), l’éclat instrumental lui aussi obscur. Des trames narratives faussement chatoyantes élèvent Exit, joué également avec beaucoup de finesse, en recourant à un éventail « d’outils » étendu. Fort d’ambiances affectantes, salies avec soin (From come the speak où intervient Adrian Crowley), il jette du beau sur l’inquiétant, ou l’inverse. On reconnaît Jamie Stewart sur Blue neck; son timbre amène un côté angoissé, en cela il va de pair avec une instrumentation à la beauté perturbée. Le choix des conviés est judicieux et amène incontestablement un plus à Exit.
D’autre part les chants alliés, aussi, créditent Exit (To know). La désenchantement est audible, il sert de ligne directrice, agrémentée au fil des interventions, à l’oeuvre de Picastro. On notera à nouveau, sur She’s in a bad mood, l’apport des voix. C’est cette fois Alex Mackenzie (Petra Glynt) qui y va de son « featuring ». Presque noir, le morceau s’anime sous l’effet de bruits crépusculaires, d’un rythme subtil et insistant. On est un peu dans l’expérimentation mais on ne s’y égare pas. L’album reste cohérent, attirant de par ses penchants à la limite de l’ apeurant. Huit titres suffiront à l’imposer, ceux-ci détenant l’accroche nécessaire à ce qu’on…accroche, durablement. This be my fortune, en conclusion, dévoilant une trame cette fois plus claire, sans pour autant se montrer lumineuse. Le ton opaque convenant merveilleusement à Picastro, il est pour ainsi dire nuancé mais il perdure, en illustration parfaite d’une époque elle aussi grise, que ce type de disque permettra d’alléger. Qu’il embellira peut-être même, attractivité continuelle aidant.