Bordelais, Lonely Walk en est déjà, avec ce disque éponyme à son 3ème album, après Teen qui eut l’honneur de figurer chez Born Bad. Entre post-punk à la The Sound, ici qualitativement égalé, et son d’aujourd’hui, le quintet séduit sombrement, dès Red light et son chant partiellement en Français, à la basse obsédante, cold évidemment. D’emblée, le ton est donné, le climat dressé, froid et pourtant, sur ce début probant, agrémenté d’une ouverture plus « lumineuse » dans les vocaux. On entend déjà des gimmicks prenants, des guitares et claviers aux fulgurances et étayages efficaces. Compulsive behaviour, voix grave et synthés presque joyeux à l’appui, entérine le mérite des Aquitains. On entrevoit un album abouti, jonché de morceaux dont aucun ne déclinera.
C’est le cas; en hommes expérimentés, les Lonely Walk nous livrent par exemple un Look at yourself de haut niveau, aux légères touche new-wave. S’ils restent froids, ils associent à cela des élans clairs, des motifs bien choisis qui donnent un cachet supplémentaire à leurs créations. Le souvenir de formations d’antan, certaines encore actives actuellement, surgit à l’écoute. Mais le groupe s’en est affranchi; il détient les clés d’un univers personnel, n’a aucunement besoin d’aller « piocher » chez l’un et chez l’autre pour se forger un son ou une identité. Son Fake town lorgne côté Frustration, urgent et riffant.
La Marche Solitaire, que beaucoup accompagneront pourtant, se poursuit avec le clair-obscur d’Absorb. Basse à nouveau entêtante, chant au relief certain, claviers à nouveau désarmants dans leur simplicité; tout est réuni et Lonely Walk marie à merveille plans cold et insertions « dégivrées ». Entraînant (No feels où la quatre-cordes mène à nouveau la danse, rejointe ensuite par les autres instruments, bien loin d’être en reste), inventif et jamais complexe, plutôt minimal même, il ne ploie jamais. L’oeuvre en présence s’écoutera d’une traite, fort bien sûr. On groovera derechef le temps d’un excellent Shadow of the time, animé par une boucle d’obédience électro, en se gavant de thèmes sans cesse décisifs. Lost in silence, au moins aussi perfectif, usant de ces mêmes atouts qui font de l’ouvrage de Lonely Walk une pièce inattaquable.
Avec TG, on entre en zone de turbulence rythmique, sur une trame saccadée très vive. La bande a le don d’ouvrir sa palette sans y perdre une once de qualité. Souvent vivace d’ailleurs, elle n’en est que plus influente encore. La pochette, elle, me rappelle Cocteau Twins. Influence (assimilée) ou pas, peu importe; dans les climats peut-être. Mais ces cinq là creusent depuis longtemps leur propre sillon, parviennent ainsi à des compositions d’une trempe certaine. Enragé sur la fin de ce TG, Lonely Walk finira en posant le jeu sur le plan rythmique, pour faire ressortir une atmosphère lancinante dotée de soubresauts puissants (Parallel). La conclusion est probante, elle élargit la ligne de mire du groupe et le laisse avec, dans son bissac, une production majeure.