Trio de « pop dissonnante » formé en 2014 à Nantes, auteur en 2016 d’un premier album, Nursery rassemble Paul Gressien (batterie, chant), Julien Dumeige (guitare, choeurs)et Jean Duteil (basse, choeurs). Avec ce Eugenia, leur second effort donc, l’infirmerie se porte bien, merci pour elle. Concerts en nombre et registre solide aidant, le groupe peut faire dans le sucré vocal décoré au noisy (Sober tender), après avoir débuté sous les meilleurs auspices avec Physical, à la douceur elle aussi hérissée, qui monte progressivement en puissance. A chacun de ses titres, on se dit que c’est un tube du genre concerné qui nous est livré. Vigueur et mélopées, giclées bien appuyées, il y a dans Eugenia tout ce qu’il faut pour plaire à l’avisé. Alien for me, qui touche au post-punk, régale par son urgence mélodique. Par sa turbulence instrumentale aussi, qui perdure d’ailleurs jusqu’aux derniers instants du disque.
Les gars ont partagé la scène avec Von Pariahs, autres agités issus de la même ville. On retrouve ici la même tension que dans le combo de Sam Sprent, des « traceries » similaires en impact comme en qualité (Tight, court et rentre-dedans). On fait à d’autres moments dans le plus insidieux (Where evil hides its way); le résultat reste brillant. Nursery nous soigne, les écoutilles, en nous secouant à l’aide de ses dérapages soniques. Que la voix, aussi caressante que plus impétueuse, souligne avec à propos.
On profite aussi, et comme décrit plus haut, d’un éclat pop venimeux (Sober tender, encore), d’instants à la progression minutieuse, qui finissent en éruption sonore (Cut). Et Porn life, post-punk poppy, ne nous trompera pas non plus sur la marchandise. Celle-ci est fiable, jamais policée. Ce 2ème essai est à l’évidence une réussite de tous les instants. La voix, et l’accompagnement, m’évoquent parfois Stuck in the Sound. Dans la portée des morceaux, on est effectivement proche de José et des siens. Skyline se montrant, de son côté, digne d’un Jay Reatard dans ses velléités garage-indé mélodiques. On entend, aussi, les Pixies sur Empty heaven. Mais Nursery, comme un « grand », trousses ses propres pépites.
L’éponyme Eugenia amorce la fin du parcours; il prend son temps, paré d’un fond bruitiste, impose ses airs charmants, puis implose. Les 3 hommes savent s’y prendre, doués. In under two, leur ultime produit fini, les voit mettre fin à Eugenia en jouant une pop-rock haute tension, qui se partage entre retenue rythmée et excès. La trouvaille est de taille, sans faille; elle provient de chez Kythibong, pas moins estimable, et se montre capable de rivaliser avec les meilleurs. La « faute » à un disque accompli de A à Z, porteur d’une belle brouettée de titres forts.