Emission de radio mensuelle co-gérée par Radio Campus et la Lune des Pirates, qui l’accueille en ses murs, Bruits de Lune mêle chroniques, interviews, questions au public avec places à gagner…et lives permettant à des groupes locaux, où régionaux, de démontrer leurs aptitudes. Fortement intéressant donc, l’événement avait invité en ce mercredi soir Mercure Express, duo amienois cold-wave en vue actuellement, et Moon in June, de Saint Quentin, doté lui d’un répertoire trip-hop pénétrant. Affiche à ne pas rater pour peu qu’on manifeste de l’intérêt pour ces bandes flanquées d’évidentes vertus.
Se produire à la Lune étant toujours synonyme de pression, tant l’endroit a du cachet, et une histoire, ce sont donc les premiers nommés, soit Etienne Banz et Mathilde Thiney, qui ouvrent le rideau. Surprise (ou pas), l’homme et la dame paraissent paraissent plus au point que jamais; cold, poétique aussi mais d’une façon tourmentée, leur carnet de scène est tout simplement captivant. Servi par un son aux petits oignons, une guitare inspirée aux motifs fins mais vifs et une basse qui « coldifie » le tout, des chants qui se répondent et se complètent, Mercure Express étale aux yeux du public picard une suite de titres à la fois sensibles, doux et appuyés. Plus complet encore que sur ses apparitions précédentes, il me fait même penser par moments au Bashung de Play blessures, en moins dérangé. C’est dire la portée du set, renforcé par sa teneur froide parfaitement exécutée.
Dans ses élans cold, Mercure Express met du ressenti, des mélopées subtiles, de l’allant aussi. Courts et sans manières, ses morceaux dépassent tous la moyenne qualitative. La jeunesse de ces deux musiciens n’empêchent en aucun cas la valeur de leur copie, irréprochable. On n’attend plus d’eux, pour l’heure, qu’un support regroupant ces plages de haute volée, surprenantes de par leur attractivité. Le style est là, le charisme tout en discrétion aussi, la modestie est de mise. On tient avec cette union un combo d’importance, que nous sommes une poignée à suivre en espérant qu’à l’avenir, le parterre d’inconditionnels s’étoffe. Ca ne serait que logique et on espère déjà d’autres dates, aussi concluantes, pour Mercure Express.
Mon in June leur succède et à son tour, il va convaincre ceux qui ne le connaissaient pas tout en affirmant un peu plus encore sa fiabilité auprès de ceux l’ayant déjà vu à l’oeuvre. Le trio trip-hop a bossé, ça se voit et ça s’entend. Chanteuse charismatique, à la voix profonde, épopées trip-hop aux reflets rock entre Archive et Massive Attack concoctées par ses 2 acolytes expérimentés, nuance et puissance mêlées accouchent d’un concert, à l’instar du précédent, remarquable. A la fois dansant et expérimental, sonique, direct ou plus convulsif, Moon in June affiche de grosses promesses. La maturité de ses compositions frappe, le jeu des trois comparses est ajusté, soudé, sans creux. Ca sonne parfaitement, il se dégage de ça une identité de plus en plus prégnante. Bien loin de l’ennui, Moon in June nous emmène, de manière percutante, dans les étoiles. Sa constellation est effervescente, sombre et puissante, zébrée, toutefois, de rais de lumière bien amenés.
Pour pas un rond, Bruits de Lune étant gratuit, on vit 2 « gigs » mémorables, qui nous permettent de mesurer l’avancée, conséquente, de leurs auteurs. C’est un bonheur, il importe de tracer le moindre groupe prometteur du cru et en ce sens, les 2 du soir sont de sacrés espoirs. On leur souhaite de durer, avec une petite louche d’égoïsme puis qu’au final, nous en tirons le plus grand bénéfice auditif et sensoriel. On remerciera au passage la « Lune« , et Radio Campus, pour leur soutien et initiative, au terme d’un début de soirée du meilleur augure s’agissant des formations conviées.
Photos William Dumont.