Collaboration multi-média entre Micah Gaugh, Henry Schroy, des membres de Bloco Olodum, Bira Reis et Bloco Kizumba, Dreamcatcher voit les 2 premiers cités s’assurer les services d’artistes de renom, tels Vernon Reid de Living Colour, Marc Ribot, Arto Lindsay et Siobhan Duffy de God is my Co-Pilot (et je résume) afin de concevoir ce disque. Ce dernier, de base hip-hop dans les vocaux, parcourant un spectre musical aussi large que sa liste de contributeurs, mais en parvenant à rester cohérent.
D’abord jazzy (Freckles), doté d’une diction posée bien que soutenue, Gaugh se fait funky (Walk thru), conserve comme fil conducteur ce flow tranquille, comme sûr de ce qu’il déclame. L’option rend le disque prenant, les cuivres du dit morceau et autres motifs, loin de jurer, aussi. Avec l’éponyme Dreamcatcher, rythme et diction s’emballent quelque peu. L’ornement reste mesuré, de qualité.
Inspiré par la culture Bloco, adoubée par Gaugh, l’album dépayse à l’occasion (Red riding hood), se passe d’excès, marie des voix contraires (Zito’s house). Son côté cool dans le chant le singularise et son bricolage sonore évoquera parfois Soul Coughing quand il versera dans l’étrangeté…aboutie. Un Snooker bluesy et enfumé, au mitan de l’affaire, assied le choix d’un « tout flemmard » à l’effet prononcé. Ca sera également le cas de Silver ballad, pas plus vivace et tout aussi efficace. Alors que Wilton & pique, exotique, valide à son tour la capacité des agissants à bien faire avec peu d’éléments. Ceux-ci, bien choisis et souvent pas communs, constituant une belle étoffe.
Il en ira ainsi jusqu’au terme de l’objet écouté; on sera transporté, sans heurts mais avec bonheur, dans divers recoins. Les sonorités funky récurrentes ou plus marquées par le blues, triturées (The professor) et chants sans cesse « traînants » perdurent, Itaparica ira jusqu’à complètement, ou presque, se dénuder. On sent poindre, derrière une carapace tranquille, le trip sonique. Il survient par exemple sur ce morceau, révélateur d’un parti-pris Bloco. En ce sens il fédérera, conformément à l’esprit du Bloco. Sa musicalité lui fera contourner l’ennui et ne sombrera à aucun moment dans la complexité.
Le plaisir, lascif, s’étendra sur 14 plages. Cera de vela unira les voix, comme l’album unira ses auditeurs. Enfin, le remix de Freckles par Jah Sun Rising ajoutera une touche dub seyante à Dreamcatcher, de bonne facture et voué à un métissage aussi juste qu’audacieux.