Groupe des frères Hanak, en place depuis plus de 20 ans et auteurs de sorties et collaborations multiples, sans failles et à la prise de risques porteuse, dDamage sort avec ce Brother vs brother l’unique opus où ils ont tout géré eux-mêmes, « en frangins » et qui, fait notable, fait figure d’élément d’autant plus précieux que l’un des 2, Fred, nous a quittés à l’été 2018. A l’écoute et avec une délectation instantanée, on retrouve le mélange de noise, d’électro, de hip-hop et d’élans indus qui caractérisent le duo, ici au sommet de son art.
Implants, pas éloigné du Ministry le plus performant qui soit, dévoile d’ailleurs un début magistral. Obsédant, il laisse ensuite place à Morning clock, cinglant exercice électro-rock aussi bondissant que l’essai inaugural. L’énergie est incoercible, les sons éclatent et le tout est sauvagement dansant. Chinese revolution, comme pour parfaire un trio à la qualité imprenable, développant après cela ses atours orientalisants pris dans le rythme cette fois modéré de la fratrie. Car en plus de varier les cadences, les frères diversifient aussi, avec maestria, les climats et orientations musicales. Et signent par ce biais un disque énorme.
Ainsi, Snowtime crache une électro progressivement prenante, dont les motifs et saccades rythmiques font toute la sève. dDamage, sans orientation réellement prédéfinie, surpasse les autres et se surpasse. Son Rainbow war met à jour une électro-cold elle aussi aventureuse, dont la répétition constitue, plus qu’une entrave, un atout. On s’y abandonne facilement, l’allant des titres de ce Brother vs brother nous y aide indéniablement. On retrouve, sur No recall, du riff dur et des voix indus. Tout ça, mêlé à des sons qui sortent de cerveaux aux idées concluantes, créant un mur du son dans lequel on ira se fracasser avec allégresse. Entre un Spicy Box, un Prodigy et des voix que n’aurait pas renié un Reznor ou un Jourgensen, la paire est dotée d’une identité très forte.
Si Hanakii, court, nous emmène sur un terrain serein, on ne résistera pas à la furie de Murdarts. Parfait croisement entre noise et électro, touches indus et vocaux colériques, il ralliera à son tour tout son monde à la cause de dDamage. Après tant de sorties, certains s’essoufflent et perdent le fil. Ici non, en aucun cas et si l’album vient clôturer l’activité du projet, il le fait de manière passionnante et survoltée. Enoshima, technoïde, baisse un peu la garde mais illustre l’inventivité sonique des Hanak. Cyclops vision réitère une trame indus percutante, dont le niveau lui permet d’aller déstabiliser les combos les plus reconnus de la mouvance. Brother vs brother en apporte la preuve: dDamage est de façon certaine l’un des groupes les plus inspirés, déviants et singuliers que le pays ait pu compter.
Le Viperm final, magnifique vignette sonore, développera pour finir des panoramas sonores dépaysants, pour conclure dans une beauté confondante, et dans l’apaisement, une enfilade de morceaux tous plus ingénieux les uns que les autres.