Projet de l’Italien Bruno Dorella, Ronin s’adonne à un rock (l’appellation ne couvrant toutefois pas la largeur du spectre exploré ici par le groupe) instrumental, aux atours changeants, qui se trouve décliné sur ce Bruto minore en neuf morceaux plutôt imaginatifs, parfois proches du créneau post-rock (Ambush), et à d’autres instants plus virulents (Capriccio dont le début délicat, trompeur, fait ensuite place à une belle envolée sonique). On y sent, on y entend, une recherche sur les textures, sur les sonorités et l’apport d’un violon, ainsi que d’un clarinette, permet de pousser la chose.
Entre lyrisme et passages orageux, c’est là que Dorella et ses accompagnants trouvent leur statut. Oregon fait briller l’instrumentation, affinée mais « emmenante », et on a droit à une autre plage rugueuse avec l’éponyme Bruto minore. Ronin marie le subtil et l’impactant, sans faillir. J’aurais, pour ma part, inclus des voix, même occasionnelles, dans le disque car ses humeurs mériteraient d’être vocalement illustrées. C’est à mon sens un manque, pas une lacune mais plutôt une opportunité non exploitée d’étoffer plus encore le travail de la formation issue de Ravenna.
En effet et que cette dernière opte pour un développé chatoyant mais alerte, qui change de rythme avec le plus grand naturel (Scherzo), ou conçoive une trame leste qui groove tranquillement sur un étayage jazzy (Wicked), une voix, plurielle et allant de pair avec les atmosphères inhérentes à l’album, aurait été loin de dépareiller. Le constat n’empêche pas une qualité d’ensemble indéniable, ainsi que le montre Tuvan internationale, entre ornement avenant et insistance des percussions. Les paysages sonores sont agréables, enjolivés ça et là par les instruments « inhabituels » dont Ronin fait usage.
En dépit de cela persiste un sentiment, de temps à autre, de déjà fait. Le créneau instrumental touchant au post-rock a en effet largement été investi et à ce jour, il reste difficile de surprendre complètement. Ronin, qui termine ici son disque sur un Bryson à la subtilité certaine, mais un peu trop linéaire, signe de ce fait un opus dont l’écoute sera loin de déplaire, mais pourrait aussi inciter à reposer le casque eu égard au nombre de sorties liées au même créneau. A Bruno Dorella donc, avec l’appui de ses acolytes, d’étayer plus encore, à l’avenir et pour les singulariser jusqu’à complètement les démarquer, ses travaux sonores.