Groupe brestois hébergé par Howlin’ Banana Records, Baston a sorti un premier bon EP en 2015 (« Gesture« ), recruté depuis un clavier, et pris son temps pour enfanter ce premier album, qui répond au nom de Primates. Bien lui en a pris!
En effet, il excelle tout au long de ses travaux kraut, ancrés dans les 90’s, qu’étoffent aussi des bordures cold ou post-punk. Très « motorik » toutefois, et ce de façon obsédante pour l’auditeur, il hypnotise avec DrangNachOsten, qui traverse les cieux et fuse entre les nuages. Neu! n’est pas loin, les mélodies font chantonner, entonnées par un Maxime Derrien à la voix venue des sphères célestes. On se laisse d’autant plus facilement emporter que le rythme est soutenu, le ton froid (Primates, premier single du disque), les sons primordiaux et plutôt bien imaginés. Baston surprend, atteint vite un rang élevé, et le maintient sans chuter. Avec Transept, la cadence est dense, on évolue dans des eaux plus calmes et tout aussi prenantes. Avec cette vêture kraut, Baston a trouvé le bon ton. Il n’est de plus pas fixe dans les climats qu’il génère; outre le rythme moins rapide du morceau nommé, celui-ci présente des orientations changeantes.
Avec Pyrolyse, on renoue avec un tempo plus vif, saccadé cependant, orné de motifs récurrents. Assemblés, tous ces éléments débouchent sur des airs qui doivent autant à la mouvance cold qu’occasionnellement au shoegaze. Les Bretons réalisent, à partir de ces tendances, un agglomérat habile et attachant. Arnhem me fait même penser à Motorama, illustres russes « cold-pop », pour son côté cold, donc, et finaud en même temps.
La face A est bouclée sans encombre, la face B pointe ses accords avec une tenue similaire. K2 joue un motorik beat que les basses, bien en relief, portent tout comme le chant, plaisant dans son uniformité loin d’être dommageable, une batterie alerte et comme à l’habitude, des sonorités pas communes. Viande, ensuite, diversifie le registre en incluant une narration tragique. Le résultat me fait repenser à Microfilm, « from ¨Poitiers », qui a lui aussi en son temps proposé des albums de haute volée. Le procédé laisse entendre une forme de post-rock inédit, animé et loin d’être ennuyeux comme chez certaines formations tendant à répéter, sur de longues minutes, leurs structures.
Domovoi, de son côté, adopte un ton asséné dans le chant et plus cosmique dans le décor. Ca prend bien, on est une nouvelle fois conquis. Athabascan arrive avec sa pop sombre et entérine le choix de Baston, sensé, de partir de fondations kraut évolutives, ici bien déclinées.
Enfin, Achilles ralentit la vitesse, prend des airs psyché hauts perchés, pour terminer un album dont la valeur le fera siéger aux côtés des autres sorties estampillées Howlin’ Banana, toutes très bonnes et sans déchet aucun.